Chapitre 9 – Les recueils imprimés de collectages régionaux
Dans ce dernier chapitre, je donnerai des airs de montagnardes et bourrées tirés de recueils en général peu connus, publiés du XIXe à la première moitié du XXe siècle, en gros entre 1850 et 1950. Leur objectif est de porter à la connaissance du public des collections d’airs et de chansons recueillies dans diverses régions du Massif Central, et souvent accompagnées de renseignements ethnographiques. L’optique culturelle régionaliste prime donc ici sur le simple divertissement musical, même si les auteurs de certains de ces recueils garnissent les mélodies d’harmonisations, comme dans les recueils pour piano étudiés dans de précédents chapitres.
Le grand absent de ce chapitre sera « L’Album Auvergnat » de Jean-Baptiste Bouillet, qui m’a pourtant servi de porte d’entrée, de fil conducteur et d’objet de comparaisons pour tous les répertoires historiques de bourrées présentés dans cette série d’articles. En effet, les danses de ce recueil ont été intégralement interprètées par Jacques Lanfranchi et Jean-Michel Péru sur un album de l’AEPEM (voir ici). On peut aussi, comme pour un grand nombre d’autres recueils, consulter facilement les partitions et écouter les airs en MIDI ici. L’association Les Brayauds-CDMDT63 a également consacré un CD à ce répertoire. Christophe Chamczyk donne une transcription adaptée à la cornemuse 16 pouces de ce répertoire de bourrées ici.
Pour la même raison, je n’ai pas fait figurer ici d’autres importants recueils pourtant très riches en notations de bourrées, en particulier ceux de Louis Lambert « Chants et chansons populaires du Languedoc » et de Joseph Canteloube, avec les différentes éditions du « Recueil de « la Bourrée »- chants et danses populaires du Massif Central ». Pour le Limousin, deux recueils sont également incontournables : de François Célor « Chansons populaires et bourrées recueillies en Limousin », et de Chèze-Branchet-Plantadis dans la revue Lemouzi « Chants et chansons populaires du Limousin » (que l’on peut encore se procurer ici dans sa réédition de 1995). On pourra consulter toutes ces mélodies dans la bibliothèque musicale de l’AEPEM.
1. « Le guide du Voyageur à Clermont-Ferrand » (Jean-Baptiste Bouillet, 1836)
Dans ce guide touristique, le futur auteur de « l’Album Auvergnat » livre quatre mélodies des « plus jolies bourrées » et des « plus gracieuses montagnardes que nous connaissons ». La seconde bourrée à deux temps, qui n’a malheureusement qu’une seule phrase musicale, ne m’est pas connue par ailleurs, contrairement aux trois autres airs, qui figureront dans l’Album Auvergnat.
Partitions
Doc01 – 1836 – Guide du voyageur (Bouillet)
Liste de lecture
2. Bourrées de la Creuse – Recueillies et notées pour piano par J. Ernest Martinet
(Mémoires de la Société des Sciences naturelles et archéologiques de la Creuse, t. VII., 1891)
Jacques Ernest Martinet (1819-1903) fut président de la société savante de Guéret, dans le bulletin de laquelle il publia déjà en 1890 quelques harmonisations de chansons de sa région, dont la plus célèbre : « Les Maçons de la Creuse ». Dans le présent article, il livre sept mélodies de bourrées à deux temps, écrites et harmonisées pour le piano. Il dit que ces airs étaient joués en bal près d’un demi-siècle plus tôt, soit vers 1840. Ils sont connus dans les recueils auvergnats de la même époque, ou bien de style très semblable. Le deuxième air est celui de la contredanse du XVIIIe siècle « La Pantoufle », devenue par la suite la chanson enfantine « Ah mon beau château ».
Partitions
Doc02 – 1891 – Bourrées de la Creuse (Martinet)
Liste de lecture
3. Montagnarde d’Eygurande (Publiée par François Longy dans « Le canton d’Eygurande », Bulletin de la Société des lettres, sciences et arts de la Corrèze – 1892)
Le docteur François (ou Jean-François) Longy (1828-1899) fut l’un des fondateurs de la Société des Lettres, Sciences et Arts de la Corrèze en 1878. C’est dans le bulletin de cette société savante qu’il publia une monographie sur le canton d’Eygurande, commune où il naquit et dont il fut maire.
Il y décrit les coutumes de cette localité corrézienne, proche de la Creuse et du Puy-de-Dôme. Jointe à la description des danses, il donne la partition d’une montagnarde, écrite pour le piano. Le premier thème mélodique est bien connu : il s’agit de la chanson autrichienne « Ach du lieber Augustin », qui a circulé partout durant le XIXe siècle. Le deuxième thème se retouve (en partie) au XXe siècle, collecté dans les Combrailles par Les Brayauds dans les années 1980 en tant que phrase de mazurka ou de valse, avec les paroles suivantes :
« Voyez donc ce petit gamin
La canne à la main
Comme il marche vite
Voyez donc ce petit gamin
La canne à la main
Comme il marche bien »
Partitions
Doc03 – 1892 – Montagnarde d’Eygurande (Longy)
Liste de lecture
4. « Chants du Velay » (anonyme, sans date)
Ce recueil m’a été communiqué par Yves Becouze, musicien, enseignant et collecteur en Haute-Loire. Il propose un répertoire que l’on retrouve en grande partie dans « Velay et Auvergne » que publie Régis Marchessou en 1903 (voir au-dessous). Certains airs portent la mention de leur lieu, et parfois de leur date de collecte : 1901 et 1903. A côté de bourrées chantées, le recueil donne une série de bourrées instrumentales avec la mention « Airs de bourrées (Airs favoris des joueurs de musette) ».
Partitions
Doc04 – 1900_ – Bourrées (Chants du Velay)
Liste de lecture
5. « Velay et Auvergne » (Régis Marchessou, 1903)
Les titre et sous-titre complets de ce livre sont « Velay et Auvergne – contes et légendes recueillis par Régis Marchessou. Contes et légendes, noëls vellaves, devinettes, formulettes, dictons populaires, anciens costumes, les muletiers, la dentelle, vieilles enseignes, chansons et bourrées. ». Régis Marchessou était un imprimeur-éditeur au Puy-en-Velay. Il fut admis en 1903 à la Société Française d’Archéologie. Je n’ai pas trouvé d’autre renseignement biographique sur lui, mais ce qu’on peut trouver des titres de ses publications témoigne de son interêt pour les sujets historiques et artistiques.
Le répertoire donné ici est constitué de bourrées à trois temps, toutes avec des paroles. Comme écrit plus haut, il recoupe en grande partie celui donné par le recueil précédent, qui lui semble contemporain.
Partitions
Doc05 – 1903 – Velay et Auvergne (Marchessou)
Liste de lecture
6. « Auvergne – Chants du terroir » (Louis Debrons, 1924)
Ce recueil appartient à une collection félibréenne, comprenant des fascicules d’une vingtaine de chansons, chacun consacré à une région (en plus de l’Auvergne, j’ai trouvé ou vu mentionnés Languedoc, Limousin, Quercy, Gascogne, Provence et Roussillon). Ces ouvrages ont été publiés par Pierre Clairac, éditeur régionaliste à Aurillac, des années 1920 aux années 1940. Le recueil auvergnat est signé de Louis Debrons (1881-1941) qui fut félibre, musicien, écrivain de théâtre et poète.
Ce recueil nous donne une douzaine de bourrées, souvent bien connues dans les répertoires cantaliens (notamment ceux de Joseph Canteloube, les différentes éditions du « Recueil de La Bourrée »), mais il y a aussi quelques airs moins connus.
Partitions
Doc06 – 1924 – Auvergne – Chants du terroir (Debrons)
Liste de lecture
7. « Montagnardes et Bourrées » (Julien Tiersot, 1930)
Le nom de Julien Tiersot (1857-1936) est familier aux amateurs de répertoires traditionnels. Ethnologue, musicien et musicologue, il a entre autre réalisé d’importantes collectes de chansons et musiques dans les Alpes, et publié des études sur l’histoire de la chanson populaire en France, ainsi que sur des thèmes relevant de l’histoire de la musique savante. En tant que musicien, il a réalisé plusieurs séries de recueils où il harmonise des mélodies traditionnelles (« Mélodies populaires des provinces de France », « Chants populaires pour les écoles » avec le poète Maurice Bouchor, etc). C’est dans cette partie de son œuvre que l’on trouve cette série d’airs de danses d’Auvergne, aux thèmes pour la plupart bien connus, avec quelques variantes particulières.
Partitions
Doc07 – 1930 – Bourrées et montagnardes (Tiersot)
Liste de lecture
8. « Danses et Chansons de Danses d’Auvergne » (Fernand Delzangles, 1930)
Le cantalien Fernand Delzangles (1871-1944), déjà auteur en 1910 d’un livre de chansons traditionnelles d’Auvergne, publia en 1930 ce riche recueil consacré au répertoire de danses. Se livrant trop facilement à des envolées lyriques, ses affirmations et descriptions de figures au sujet de la danse et de son histoire sont parfois sujettes à caution, ou franchement fantasmatiques. En revanche, il nous livre une importante collection de couplets de bourrées et quelques autres danses, malheureusement trop peu souvent accompagnées de leur musique, notée par sa femme. Sept mélodies sont de la composition de J. (Jules ?) Prulière, musicien sur lequel je n’ai pas trouvé de renseignements.
Partitions
Doc08 – 1930 – Recueil Delzangles
Liste de lecture
9. « La vie paysanne dans la Haute-Loire » (Ulysse Rouchon, 1933-1938)
Ulysse Rouchon (1878-1960) fut un érudit éminent de la Haute-Loire, où il eut les fonctions de conservateur et directeur des musées et bibliothèques, en plus d’être membre de différentes sociétés savantes et littéraires. Dans cet ouvrage en trois volumes, il consacre la dernière partie du tome 3 aux chansons et danses, présentées par de larges citations d’auteurs antérieurs. Il fait références aux importantes collectes de Victor Smith (ou « Valentin-Smith »), dont est vraisemblablement en grande partie extrait le répertoire de chansons qu’il publie. Rouchon ne donne que très peu de notations musicales, parmi lesquelles ces deux montagnardes.
Partitions
Doc09 – 1933 – Bourrées Haute-Loire (Rouchon)
Liste de lecture
10. « Quercy – Chants du Terroir » (Jean Calmon – Jean de Boisjolin, 1935 ou 1943)
« Bibliographe, Jean Calmon (1881-1974), a été Conservateur à la Bibliothèque municipale de Cahors et Secrétaire général de la Société des Etudes du Lot. ». Ce petit fascicule, dans une collection déjà rencontrée, nous apporte quelques bourrées, avec des variantes originales.
Partitions
Doc10 – 1935 – Quercy – Chants du Terroir (Calmon)
Liste de lecture
11. Danses populaires de la Creuse (recueillies à La Celle-Dunoise par Alexandre Château et notées par Paul Bertrand – Bulletin de la Société des sciences de la Creuse 1936, tome 26 p.441)
A nouveau, on retrouve une publication de danses dans le bulletin de la société savante de Guéret. Je n’ai pas de renseignements sur les auteurs, sinon le peu que l’on trouve sur des archives d’état-civil de la commune de La Celle-Dunoise, où ils semblent avoir résidé tous deux : Alexandre Château y apparaît comme « propriétaire demeurant à La Celle-Dunoise », et Paul Bertrand comme « industriel », né à Annecy en 1882.
La Celle-Dunoise se trouve au nord du département de la Creuse, proche de celui de l’Indre. Cette proximité avec le Berry, et peut-être l’époque plus tardive de collecte de ces airs, peuvent expliquer leur style mélodique, plus éloigné des répertoires « auvergnats » anciens que ne l’était le recueil d’Ernest Martinet publié quelques décennies plus tôt dans la même revue. Un des airs est cité comme étant tiré de « Au pays du Berry », qui est un ouvrage du chansonnier régional Jean Rameau (1852-1931). Deux danses (dont la musique est du type bourrée à deux temps) sont nommées « Branle à six », leur chorégraphie étant décrite par Alexandre Château.
Partitions
Doc11 – 1936 – Danses pop de la Creuse (Château-Bertrand)
Liste de lecture
12. « Contribution à la littérature orale de la Basse-Auvergne » (Albert Dauzat dans « L’Auvergne Littéraire » N°92, 1938 1er cahier, pages 55 à 59)
Albert Dauzat (1877-1955) fut principalement linguiste, auteur de nombreuses publications sur la toponymie et l’étymologie. En 1900, il publie « Études linguistiques sur la Basse Auvergne. Morphologie du patois de Vinzelles » (village de la commune de Bansat, à la limite du Livradois et de la Limagne d’Issoire, département du Puy-de-Dôme ). Ses attaches familiales et ses fréquents séjours dans cette localité sont pour lui l’occasion d’y recueillir, entre 1895 et 1900, un certain nombre de contes, légendes, chansons et proverbes, matière parmi d’autres dans son travail de recherche linguistique.
En 1938, il rassemble, complète et republie ces matériaux dans un numéro de la revue « L’Auvergne Littéraire » . Cette publication comprend une série de bourrées à deux et trois temps, dont la plupart avec leur musique. On peut y constater la persistance d’une partie du répertoire que l’on trouvait déjà dans l’Album Auvergnat, même si les versions mélodiques diffèrent plus ou moins. En revanche, certains autres airs me sont inconnus par ailleurs.
Comme il s’agit de répertoire chanté, les bourrées à deux temps m’évoquent la famille musicale des branles, plutôt que les rigaudons et allemandes du XVIIIe siècle (auxquels renvoient très souvent les airs de bourrées instrumentales). On trouve deux mélodies aux phrases construites sur des périodes de trois mesures, à rapprocher d’airs du même type de sources bien plus anciennes (par exemple le « Manuscrit Clermont-Fd 1 » vers 1770, voir chapitre 3 de cet article), et qui peuvent évoquer la persistance de structures musicales liées au « branle simple » des XVIe et XVIIe siècles.
Partitions
Doc12 – 1938 – Bourrées rec Dauzat
Liste de lecture
13. « Chansons du Velay et du Brivadois », Jean Pitacco (1948)
Jean Pitacco fut le fondateur en 1933 du groupe folklorique « Le Velay ». Il est décrit par un témoignage (biographie d’une de ses élèves) comme un « violoniste autrichien assigné à résidence, un professeur exceptionnel. Il anime la vie musicale du Puy, où il crée un orchestre d’élèves et d’amateurs ». Un article du Moniteur d’Issoire du 30 juin 1926 nous le décrit également comme un musicien talentueux, dans un compte-rendu de concert.
Après une bourrée de sa composition, son recueil de chansons nous livre quelques airs de danses traditionnelles, dans des versions originales.
Partitions
Doc13 – 1948 – Bourrées rec Pitacco
Liste de lecture
14. « En Basse Auvergne – à travers chants » 50 chansons recueillies par Mme Abraham – L’Auvergne Littéraire N°137 (1952)
Cette Madame Abraham reste tout à fait mystérieuse, on semble ne la connaître que par cette publication par Pierre Balme de sa collecte de chants, qui ne comporte aucun renseignement biographique. Ce recueil réalisé cinquante ans après l’ « Album Auvergnat » vient enrichir notre connaissance des chansons de la Basse-Auvergne, domaine un peu moins exploré peut-être que celui de la Haute-Auvergne.
A côté d’un riche répertoire de revelhets et de chants de mai, il ne porte toutefois à notre connaissance que peu d’airs de danse : trois montagnardes, et trois chansons non spécifiées, mais qui me semblent relever du type des bourrées à deux temps (ou de celui de branles plus anciens).
Partitions
Liste de lecture
Ajouts de « dernière minute »
Ayant établi la numérotation de tous les documents précédents avec leurs partitions et fichiers audio joints, je n’ai pas voulu refaire tout ce travail. C’est pourquoi j’ajoute simplement à la fin de ce chapitre quelques documents supplémentaires, sans chercher à les réinsérer dans l’ordre chronologique suivi jusqu’à maintenant.
15. N°XIV – Chanson Limousine – Airs de bourrées limousines
« Chants populaires pour les écoles 2e série. Poésies de Maurice Bouchor.
Mélodies recueillies et notées par Julien Tiersot » (édités à partir de 1895)
J’ai déjà évoqué la figure de Julien Tiersot. Dans cette collection de quatre livres à destination des écoles, il s’est associé avec le poète Maurice Bouchor pour arranger des mélodies populaires de diverses origines, en leur réécrivant des paroles jugées appropriées à l’enfance. Un certain nombre d’entre elles évoquent les provinces de France, sur des airs régionaux, dont cette chanson sur des « airs de bourrées limousines ». Le premier thème, ici incomplet, est connu avec ces paroles « Per bien la chantar – Viva la lemosina – Per bian la dançar – Viva los Auvernhats ». Le second thème m’était inconnu.
Partitions
Doc15 – 1895 – Chanson limousine (Bouchor-Tiersot)
Liste de lecture
16. « Bourrées d’Auvergne » – notées par Marcelin Morange dans « L’Auvergne » par Jean Ajalbert (1896)
Je n’ai aucun renseignement sur Marcelin Morange, en revanche Jean Ajalbert (1863-1947), écrivain et félibre, est plus connu. Ne possèdant qu’une copie des deux pages de notations de bourrées insérées dans ce livre, je ne dispose pas des commentaires qui les accompagnent vraisemblablement.
Il me semble que des indices permettent de supposer qu’il s’agit de la reprise d’une notation antérieure pour piano, dont on n’aurait conservé que la main droite : certaines mentions d’altérations, inutiles car déjà présentes à la clef, ne s’expliquent que par rapport à une harmonisation à la main gauche. De plus, trois des six bourrées voient leur mélodie doublée par une seconde voix, que j’ai d’ailleurs conservée dans mes transcriptions et enregistrements (2e et 3e reprise des airs sur les fichiers sonores).
Les airs, à trois temps, sont bien connus, mais comme c’est toujours le cas (pardon de me répéter), dans des versions légèrement divergentes des autres recueils.
Partitions
Doc16 – 1896 – Bourrées d’Auvergne (Morange)
Liste de lecture
17. « Airs Limousins » par Jean Lagueny, transcription François Sarre (1927)
Jean Lagueny fut éditeur et marchand de musique à Limoges avec son frère Lucien, également musicien. Proche du mouvement félibréen, il édita les œuvres de chansonniers limougeauds, et particita à la revue « Lou Galetou » fondée par Jean Rebier. Parmi les autres musiciens et compositeurs gravitant dans ce milieu, on peut citer les noms d’André Le Gentile, Louis Billaut (déjà mentionné au chapitre précédent pour sa rhapsodie limousine) et François Sarre.
Ce dernier est cité comme transcripteur du présent recueil, qui est une sorte de pot-pourri pour piano de nombreuses mélodies traditionnelles ainsi que de chansons de chansonniers devenues populaires. J’ai transcrit ici les mélodies appartenant au type des bourrées à deux ou trois temps, même si les airs binaires ne portent pas de nom particulier de danse, simplement nommés « airs de vielle ».
Partitions
Doc17 – 1927 – Airs limousins (Lagueny)
Liste de lecture
18. Airs de « La Revue Creusoise » (Fédération laïque de la Creuse, 1937)
La « Revue creusoise » est un spectacle de théâtre régionaliste monté par la Fédération Laïque de la Creuse en vue de l’Exposition de Paris en 1937, après avoir connu une première représentation à Guéret. Différents tableaux se succèdent, présentant le pittoresque de la vie traditionnelle : la veillée, les épousailles, la Creuse au travail, la vie des champs, le marché à l’auberge, mêlées de quelques passages édifiants sur le progrès, la modernité et l’école républicaine et laïque. Ce spectacle, accompagné par une chorale et un orchestre (respectivement dirigés par E. Labetoulle et M. Marsal), est émaillé de chansons et de danses.
En dehors d’un répertoire habituel aux groupes folkloriques limousins (séquence du bal de noces), beaucoup de ces chansons sont tirées du livre du Docteur Louis Queyrat (1856-1933) « Contribution à l’étude du parler de la Creuse. Le patois de la région de Chavanat », publié en 1924, et qui est la principale source musicale concernant ce département.
Partitions
Doc18 – 1937 – Airs de La revue Creusoise
Liste de lecture
19. « Bourrée – Air populaire – Danse d’Auvergne» (extrait d’un livre inconnu)
On m’a communiqué ce document sous la forme de la photocopie de quelques pages d’un livre non identifié, portant une cote et le tampon des archives de l’évêché de Quimper et Léon. Je n’en ai pas trouvé trace sur le site de cette institution.
Ce livre apparaît très peu scientifique, comme beaucoup de publications traitant de la danse : on y retrouve à propos de la bourrée la confusion totale entre danse de cour, danse historique, danse régionale, danse populaire. Malgré la référence à l’Auvergne et le terme « danse populaire », la gravure montre des danseurs ressemblant plus à des courtisans ou des bourgeois du XVIIIe siècle qu’à des paysans, et la description de la danse évoque la « belle danse » de la cour telle que chorégraphiée par Feuillet et ses successeurs, et non ce que l’on connaît des bourrées d’Auvergne. L’absence de source ne permet pas d’éclaircir la question.
La mélodie donnée, arrangée pour le piano, semble le collage de deux phrases : la première, en mode mineur, paraît une adaptation binaire d’une montagnarde très connue. La seconde, en mode majeur, est la première phrase d’une bourrée très fréquente dans les recueils que nous avons étudiés ici, dont une version est connue dans le milieu des musiciens bourbonnais actuels sous le nom de « Bourrée à Malochet ».
Partitions
Doc19 – Bourrée – Air populaire (livre arch evêché Quimper)
Liste de lecture
20. « Bourrée d’Auvergne » (d’un livre non identifié)
Cette mélodie m’est parvenue de la même façon que la précédente. Elle semble extraite d’un livre de petit format, vraisemblablement un recueil de chants arrangés à destination d’un jeune public, comme les fascicules de Tiersot et Bouchor déjà évoqués. Les paroles en français sont un pastiche ou une adaptation de paroles traditionnelles :
« La bourrée d’Auvergn’ – Peitchouno, pitchounélo
La bourrée d’Auvergn’ – Pitchounélo, ça va !
Et nous tournerons – Rissouléto, rissouléto
Et nous tournerons – Et follement rirons »
C’est donc avec cet air que je termine cette collection de mélodies de bourrées et montagnardes, commencée avec le XVIIIe siècle. Si le lecteur connaît d’autres sources écrites, manuscrites ou imprimées et souhaite les voir communiquées, il peut me le faire savoir : je tâcherai à terme de faire le même travail de transcription/déchiffrage sur de nouveaux filons. A vous de jouer maintenant !
Jean-Marc Delaunay
Partitions
Doc20 – Bourrée d’Auvergne (rissouléto)