Bourrées et autres « Danses Antiques » publiées par Élie Dupeyrat

(Partitions amicalement communiquées par Sylvain Roux)

Joueur de conet à piston, détail d’une photo ancienne de noces, région de La Charité (Nièvre) (empruntée au site de Jean-Luc Matte, « Typologie des instruments à vent »)

Si le nom d’Élie Dupeyrat est connu dans le milieu actuel des musiques traditionnelles, c’est grâce au travail multiforme du pifraire et flûtiste périgourdin Sylvain Roux, que je remercie bien ici. Si son livre « Impressions de quadrille : Elie Dupeyrat et l’édition musicale en Riberacois (1870-1930) », écrit en collaboration avec Thierry Boisvert (1987), est aujourd’hui introuvable, je renvoie le lecteur à cet article : https://modal-media.com/elie-dupeyrat/ , qui en constitue un résumé. Le personnage d’Élie Dupeyrat a aussi fourni à Sylvain le prétexte et la trame d’un spectacle musical et hilarant en duo avec Jérôme Martin, « La ConférAnce », que j’ai eu la chance de voir deux fois.

Ce musicien, éditeur et marchand d’instruments de musique, était donc basé à Savignac d’Allemans vers Ribérac, à la limite du Périgord et de la Charente. Son activité fut représentative, parmi bien d’autres, d’une énorme production de musique de bal, du milieu du XIXe siècle à la Grande Guerre. Les danses principales de cette époque étaient le quadrille (suite de 4 ou 5 contredanses), ainsi que les danses de couple : valse, polka, scottisch, mazurka, ainsi que leurs nombreuses variantes et combinaisons. On peut consulter ici (archives départementales de la Dordogne) l’inventaire des documents de la maison Dupeyrat, dont les titres des danses des différentes collections : https://archives.dordogne.fr/r/151/26-j-fonds-de-la-maison-d-edition-musicale-elie-dupeyrat/

Le public visé était celui des musiciens de bal, en petits orchestres à cordes ou à vent, ou solistes, comme l’étaient de nombreux instrumentistes en milieu rural. Les arguments de vente résidaient dans l’efficacité et la simplicité des mélodies, et dans un système de musique sans droit d’auteurs, les compositeurs étant rétribués une fois pour toute à l’achat de leurs mélodies par l’éditeur : les orchestres, une fois la partition achetée, étaient libres de rejouer à volonté les pièces sans autres frais. 

On retrouve ensuite ces airs, parfois transmis oralement, dans le répertoire des musiciens routiniers de toutes les régions de France, ainsi que dans des cahiers manuscrits de partitions de bal.

1ère bourrée de la série de Lepetit-François : on reconnaît une version de « La Planette » (1e phrase, ligne du bas en petites notes).

Parmi les danses de cette époque, Dupeyrat a aussi publié, en moins grand nombre, ce qu’il appelait des « danses antiques », ce qui correspond pour nous à la catégorie des danses de tradition régionale. Ainsi, on trouve des bourrées et montagnardes, des bals de Saintonge, un congo, mélodies anciennes ou composées sur les canevas traditionnels par Dupeyrat lui-même ou son équipe de compositeurs.

Les partitions qui font l’objet de cet article appartiennent à plusieurs séries éditoriales, ainsi que l’indiquent les différentes numérotations. Suivant l’ordre de mes transcriptions, les airs que j’ai numérotés de 1 à 9 sont crédités à Élie Dupeyrat, tandis qu’une suite de 14 bourrées-montagnardes d’Auvergne sont attribuées à un certain Lepetit-François. En est-il l’auteur, ou plutôt seulement l’arrangeur ? On peut reconnaître dans un certain nombre de ces bourrées des phrases déjà rencontrées dans d’autres recueils (voir « Bourrées des champs ou bourrées des villes », une précédente série d’articles sur tous ces répertoires, ici : https://crmtl.fr/ressources/jean-marc-delaunay/repertoire/bourrees-des-champs-ou-bourrees-des-villes/ ). En tout cas, en plus de ces variantes d’airs connus, on trouve bon nombre d’airs inconnus ailleurs.

On peut remarquer que plusieurs airs présentent des ébauches de seconde voix, le plus souvent sur une demi-phrase, parfois consistant simplement en une note tenue en bourdon, sur quelques mesures, parfois avec un trille, ou quelques notes d’accompagnement, ou une tierce parallèle sur quelques notes seulement. Je les ai parfois enregistrées, à la seconde reprise de la mélodie.

En plus des bourrées, j’ai également enregistré les autres danses qui figuraient dans ce lot de partitions : deux bals de Saintonge, construits comme des bourrées à deux temps, un congo en mesure à 6-8, et une marche.

« L’entrain des bals », catalogue de musique de danse des éditions Dupeyrat

Partitions

Fac-similé des partitions d’origine PDF1

Transcriptions 1 (tonalité d’origine) PDF2

Transcriptions 2 (tonalités transposées pour violon) PDF3


Liste de lecture des enregistrements de déchiffrage