Entretien avec Boris Colin sur la journée du 17 mai 2006 »Politiques publiques et musiques actuelles »
Le 17 mai dernier, la fédération Hiéro Limoges a mis en place, avec musique et danse en limousin, une journée d’études Politiques publiques et Musiques actuelles au Conseil régional pour réfléchir sur les enjeux du développement des musiques actuelles pour les territoires.
Rencontre avec Boris Colin, directeur de Hiéro._ Nouvelles : Qu’est-ce qui a motivé la Fédération Hiéro à mettre en place, avec Musique et danse, une journée d’étude « Politiques publiques et musiques actuelles » au Conseil Régional le 17 mai dernier, pour réfléchir sur les enjeux pour les territoires du développement des musiques actuelles ?
Boris Colin : L’objectif était de faire un point sur la question de la prise en compte des musiques actuelles dans les politiques publiques en Limousin, en faisant appel à des intervenants locaux en prise avec les réalités locales mais aussi en ayant recours à des personnalités extérieures capables de nous faire prendre du recul et de nourrir le débat.
Cela faisait un moment que ces questions n’avaient pas été abordées en région. Depuis le début des années 2000, le paysage a changé, notamment avec l’arrivée salutaire d’un équipement et d’une équipe professionnelle à Tulle (SMAC Des Lendemains Qui Chantent). À une autre échelle, les emplois associatifs ont permis à plusieurs associations de se professionnaliser et/ou de maintenir des emplois. Autant d’éléments structurants qui ont permis une professionnalisation de ce secteur, de plus en plus mature, et par conséquent de plus en plus apte à se questionner sur son développement et son inscription dans le paysage culturel régional.
Pourquoi avoir choisi d’organiser cette journée plutôt sous la forme d’un « forum » (ateliers et plénières de restitution) que d’un colloque ?
BC : Pour faciliter les échanges, même si certains ont pu ressentir une légère frustration à ce sujet, le contenu de la journée étant dense, et par conséquent son timing tendu ! Ceci étant, l’objectif de la journée était informatif, pédagogique aussi bien pour les acteurs de ces musiques, que pour les partenaires publics. À ce titre, je pense que l’objectif a été atteint.
Quels sont les principaux points qui sont ressortis lors de cette journée ?
BC : La nécessité de co-construire (acteurs associatifs et partenaires publics) une politique publique en faveur des musiques actuelles. C’était tout l’enjeu de cette journée. Il fallait absolument « raccrocher les wagons » de ce qui se passe au plan national et nous positionner dans un processus de concertation et d’action. Cette journée a pu démontrer la capacité, aussi bien du milieu associatif que des partenaires publics, à débattre dans un climat serein et constructif en dépassant les problématiques particulières, les enjeux locaux…
En quoi l’organisation de cette journée est-elle (ou n’est-elle pas) reliée avec l’actualité nationale des musiques actuelles (Concertation nationale, Foruma, Commission nationale pour les musiques actuelles) ?
_ BC : Effectivement, cette journée s’inscrit pleinement dans l’actualité nationale du secteur des musiques actuelles. Aussi bien le [Foruma->www.foruma.fr] que la Commission nationale pour les musiques actuelles appellent de leurs vœux des co-constructions régionales afin que soient élaborées de concert des politiques publiques qui entrent en adéquation avec les préoccupations des acteurs des musiques actuelles et des partenaires publics.
_ Cette journée marque le point de départ de cette nouvelle façon d’envisager les politiques publiques, au moins dans notre domaine, faite de concertation, de constats partagés, de priorités d’actions déterminées conjointement… Cette méthode d’action me semble constituer une évolution remarquable, responsabilisant chacune des parties, aussi bien les acteurs associatifs qui doivent être des forces de proposition conscientes de leur environnement et dépasser les seules problématiques locales, que les partenaires publics qui doivent accepter la concertation dans l’élaboration de politiques publiques, le tout dans un soucis d’une meilleure efficacité des politiques mises en place. On a le sentiment d’être pris au sérieux, et on est bien conscients que cette méthode va prendre du temps pour se mettre en place et porter ses fruits, mais on est persuadés qu’elle en vaut la peine !
Quelles sont les suites qui ont été données et qui reste à donner à cette journée ?
BC : La co-construction a commencé cet automne ! Et va se poursuivre. Une 1ère réunion de travail a eu lieu, associant acteurs associatifs et partenaires publics. Un espace de concertation régional, plus large, va être créé, regroupant plus de 20 partenaires, répartis de manière équitable entre acteurs associatifs et acteurs publics. Un(e) chargé(e) de mission, moyen indispensable pour avancer concrètement dans cette démarche de co-construction, devrait être recruté en 2007 pour animer et coordonner cet espace. Il/elle sera chargé(e) dans un 1er temps de faire un état des lieux des musiques actuelles en région, puis de dresser les priorités d’actions. Un gros chantier en perspective, dans lequel nous souhaitons apporter pleinement notre contribution.
Propos recueillis par Dominique Meunier (CRMTL), pour les Nouvelles Musicales en Limousin, n° 86, février-mai 2007.