Après la création des “Rencontres Musicales de Nedde” et du “Festival des Feuillardiers”, la Haute-Vienne compte depuis peu une nouvelle action de développement et de valorisation des musiques et des danses traditionnelles grâce à la naissance de l’association Et la moitié !, implantée sur Saint-Victurnien (87). Coup de projecteur sur les objectifs de cette initiative avec Stéphanie Berthet, Juliette Hautot, Ricet Gallet, membres du bureau de cette association.
nouvelles : Qu’est-ce qui a motivé la création de votre association ?
S. Berthet, J. Hautot et R. Gallet. L’histoire a commencé autour de l’école de musique associative de Saint-Victurnien dont Juliette Hautot était la trésorière. Nous avions monté avec Jocelyn Postel, alors dirigeant de cette école, un projet de département musiques traditionnelles parce que nous savions que des besoins et des envies existaient sur le pays de Saint-Victurnien. L’école ayant perdu sa forme associative lors de son rattachement à l’école de musique intercommunale Vienne-Glane, nous avons souhaité poursuivre nos actions grâce à cette nouvelle association et nous avons élargi notre domaine de l’enseignement à la danse, le chant, la diffusion de concerts…
Pourquoi avez-vous souhaité organiser votre projet associatif autour de plusieurs temps forts dans l’année et non d’un seul ?
Il y a deux raisons à cette situation, l’une matérielle, l’autre plus structurelle. D’un côté, nous sommes soutenus fortement par la Commune de Saint- Victurnien qui met à disposition des salles municipales pour nos actions, de l’autre nous devons nous intégrer à un calendrier chargé de réservation des salles qui nous a obligé à «morceler» nos actions. Par ailleurs le fait d’avoir élargi les missions de l’association, nous a également contraint à organiser plusieurs rendez-vous annuels.
Quelles sont les manifestations que vous organisez autour des musiques traditionnelles au printemps 2006 ?
Ce printemps est marqué par deux temps forts. Le premier, organisé le 4 mars 2006, est une journée de découverte des musiques et des danses traditionnelles. Elle propose, pour les non-initiés aux danses traditionnelles du Limousin (et d’ailleurs..), de se familiariser avec les pas de base des danses, en couple ou collectives. Et pour les plus confirmés, elle donne un éclairage particulier sur un type de danse. Cette année, nous avons demandé à Dominique Lalaurie, chanteuse, accordéoniste diatonique et cornemuseuse, de venir présenter des danses du Grand Sud-Ouest de la France. La deuxième manifestation s’étale sur deux jours, les 1er et 2 avril, et nous avons invité la Bretagne à Saint-Victurnien. Le samedi après-midi des stages de musiques et de danses bretonnes sont proposés. Le soir un grand bal traditionnel limousin-gallo avec les intervenants de l’après-midi, quelques invités et le groupe “Les mariettes”.
Le dimanche matin, se déroulera une randonnée chantée autour de chants à répondre du pays gallo qui se terminera par une «ridée d’honneur» sur la place de l’Eglise. Enfin, l’après-midi, après un casse-croûte breton, deux concerts seront organisés en l’église de Saint-Victurnien, avec un groupe gallo et un concert de musique traditionnelle du Limousin.
À quels enjeux souhaitez-vous que ces «temps forts» répondent ?
Pour notre association, l’action est double. Il s’agit de permettre au public local, qui ne le connaît souvent pas bien, ou qui vit sur des clichés de (re)découvrir la musique traditionnelle du Limousin, vivante et innovante ; et parallèlement de faire découvrir à cette musique et à ceux qui la jouent, d’autres horizons musicaux, d’autres pratiques, d’autres plaisirs.
Comment l’identité de votre programmation se positionnet-elle par rapport à d’autres festivals de musique traditionnelle implantés en Limousin ?
Nous nous situons dans la même ligne. Nous avons des contacts très étroits puisque nous sommes nous-mêmes impliqués dans l’organisation de certains de ces événements musicaux et que nous sommes pour le moins spectateurs des autres. Là aussi, l’enjeu est double : s’inscrire dans une dynamique départementale et régionale à travers une programmation concertée avec les autres festivals et le respect d’un calendrier cohérent ; et en même temps s’adresser au public local de Saint-Victurnien et ses environs.
Ce qui peut faire notre spécificité, en nous appuyant sur le réseau local de jeunes musiciens et le pôle des musiques actuelles de Saint-Victurnien, c’est l’action en direction des jeunes musiciens de musique traditionnelle que nous avons imaginée pour le samedi 18 novembre 2006. Il sera proposé différents ateliers autour du jeune groupe berrichon TNT (Tendance-Néo- Trad), qui animera le bal du samedi soir en compagnie de groupes locaux de jeunes musiciens trads. Parmi ces ateliers sera proposée la première session limousine de musique traditionnelle autour d’un répertoire à partager, ainsi que des rencontres avec les musiques amplifiées, parce qu’il est important pour nous que notre musique traditionnelle s’ancre vraiment dans les musiques actuelles – dont elle est l’une des composantes – autour des notions fondamentales de musique à danser, d’oralité, de variations, de jeu de soliste…
Pour terminer, vous pouvez nous rappeler ce que signifie votre nom «Et la moitié !» ?
Très simplement, «Et la moitié !» c’est le cri que lance l’un des musiciens d’un groupe après avoir joué et fait danser une bourrée, pour annoncer qu’une seconde bourrée va être jouée. Elle constitue de fait la moitié de cette paire de danses.
Propos recueillis par Dominique Meunier (CRMTL) pour les Nouvelles musicales en Limousin, n° 83, février-mai 2006.
Renseignements : 05 55 03 86 91 – 05 55 03 57 36
«Et la moitié !» – Le Mas – 87420 SAINT-VICTURNIEN