Les lieux d’enseignement des musiques traditionnelles en Limousin

Grâce à une importante activité de collectes et de recherches, le mouvement folk des années 1970 a permis d’acquérir une masse importante de connaissances dans la pratique des musiques et des danses traditionnelles dont la logique de transmission est principalement fondée sur l’oralité (apprentissage à partir d’un travail de mémorisation et de mises en situations pratiques de jeu.). A cette époque, la volonté de partager et de retransmettre ces connaissances à un public de plus en plus large s’est concrétisée par l’organisation de nombreuses manifestations et de stages animés bénévolement. Depuis le milieu des années 1980, dans le cadre d’un mouvement de professionnalisation des musiques traditionnelles, l’enseignement musical s’est institutionnalisé. Les conservatoires puis les écoles de musiques se sont ouverts sur l’enseignement de ces musiques et de ces danses.
Quels sont, aujourd’hui. en Limousin, les lieux où elles sont enseignées ?

L’apprentissage des musiques traditionnelles dans des structures d’enseignement spécialisé s’est mis en place en Limousin avec la création de départements de musiques traditionnelles, au CNR de Limoges en 1987, puis à l’ENM de la Creuse en 1989. À l’échelle de la région, ceux-ci regroupent actuellement la majeure partie des personnes qui suivent régulièrement une formation dans ce domaine : parmi les 400 personnes recensées. 180 sont inscrites au CNR et une petite centaine à l’ENM de la Creuse. Outre un éventail important de cours (instrumentaux, de musiques d’ensemble, danse…), dispensés hors cursus, ces établissements ont la particularité de proposer une formation diplômante conduisant au DEM, Diplôme d’Études Musicales. Mais, depuis plusieurs années, un nombre croissant d’écoles de musique associatives dispense aussi des cours de musiques et danses traditionnelles. En définitive, toutes ces initiatives permettent, grâce à un apprentissage axé sur la mémorisation et sur une pratique sociale de la musique, de s’ouvrir vers un nouveau public de musicien(ne)s en formation.

En Haute-Vienne, le Département de Musique Traditionnelle du CNR polarise la majeure partie des demandes dans ce domaine. Deux autres structures offrent ce type d’enseignement dans des secteurs éloignés de Limoges : Eymoutiers, depuis 1994, et l’école de musique de Saint-Yrieix-la-Perche, depuis 2002. Par ailleurs, des écoles associatives en Dordogne (à Excideuil et à Payzac) se sont constituées récemment. Situées en bordure de la Haute-Vienne, elles sont susceptibles d’intéresser aussi des musiciens vivant dans le sud du département.

En Creuse, cette activité est principalement proposée par le Département de Musique Traditionnelle de l’École Nationale de Musique de la Creuse. Établi sur quatre villes-antennes (Guéret. Felletin, Boussac et Bourganeuf), ce département de musique offre une formation musicale de proximité sur une bonne partie du territoire creusois. En axant particulièrement son travail en direction des enfants, il permet à de jeunes creusois de s’initier et de se perfectionner à la pratique d’instruments traditionnels en bénéficiant d’une démarche pédagogique originale. On note aussi l’existence depuis 1994 d’une classe de violon traditionnel à Faux-la-Montagne, antenne de l’école de musique du SIVOC du Haut-Limousin.

En Corrèze, à partir de 1993, l’enseignement des musiques et des danses traditionnelles s’est progressivement implanté dans plusieurs écoles de musiques et cette tendance s’est accrue récemment. L’École de Musique Intercommunale de Haute-Corrèze, qui dispense ce genre de formation à Ussel depuis 1993, a ouvert une antenne à Bort-les-Orgues en 2000. Aujourd’hui, l’École Nationale de Musique de Tulle et l’École Associative de Saint-Pantaléon-de-Larche, à proximité de Brive proposent aussi ce type d’enseignement. Depuis quelques mois, des cours de chabrette, de cornemuse et de violon traditionnel sont dispensés à Seilhac dans les locaux du CRMT en Limousin. Ils complètent les animations de chants et de danses pour adultes ainsi que l’atelier pour enfants mis en place en 1997. À terme, l’objectif des écoles associatives de Saint-Pantaléon-de-Larche et de Seilhac est notamment de fonctionner en lien avec les écoles de musiques de Tulle et de Brive.

Avec une offre et une demande de formation grandissantes dans ce secteur musical, le problème de la constitution d’un parc d’instruments traditionnels touche souvent les écoles de musiques. Le coût, la rareté et les réglages délicats inhérents à des instruments comme la chabrette limousine, agissent souvent comme un frein important dans la démarche d’apprentissage.

De nombreuses initiatives de valorisation (stages, bals, concerts) sont proposées en compléments des cours. Elles montrent l’importance du rôle d’animateur, et non seulement d’enseignant, que jouent les pédagogues de ces musiques, afin de continuer à les ouvrir sur des actions de création, de diffusion et de rencontres artistiques.

Dominique MEUNIER (CRMTL), Nouvelles Musicales en Limousin, n° 71, avril-juin 2002.