Dominique Bonin et l’école intercommunale de Haute-Corrèze
A l’occasion de la sortie d’un article qui lui est consacré dans le numéro de Septembre-Octobre de « Trad-Magazine », nous avons rencontré
Dominique Bonin, enseignant d’accordéon diatonique et de vielle à roue.
Histoire de mieux connaître l’itinéraire de ce Bourguignon, qui à force de patience et d’écoute, est devenu le plus corrézien des corrézien ; et de faire le point sur l’une des structures dans lesquelles il enseigne : le Département de Musique Traditionnelle de l’Ecole Intercommunale de Musique de Haute-Corrèze.
N.M.L. : Parlons des débuts en Limousin de Dominique Bonin.
D.B. : C’est le hasard qui m’a amené ici. Je suis arrivé en Corrèze en achetant une maison en 1975. Nous nous sommes installés définitivement, avec ma femme, deux ans après en Juillet 1977, mais je ne connaissais pas la musique traditionnelle : ni l’accordéon diatonique ni la vielle à roue. La première chose que j’ai faite, c’est de me mettre à l’écoute du pays, des gens qui y habitent et puis tout doucement, la musique est venue, vers 1980, année durant laquelle j’ai rencontré M. Lesseyne, qui était un sonneur de vielle à roue à Treignac-sur-Vézère. L’instrument m’a totalement fasciné, et j’ai commencé à écouter de plus près la musique traditionnelle, qui m’a « fait quelque chose » parce que je trouvais qu’elle « collait » très bien à la couleur du pays.
Cela a été le départ de cet envoûtement sur la tradition en général. De fil en aiguille, j’ai rencontré d’autres musiciens, puis on a fait de la musique ensemble pour faire danser et pour correspondre à des couleurs locales, comme pour les fêtes de la Saint-Jean ou les Réveillez (NDLR tradition de quête des oeufs en Corrèze pendant la Semaine Sainte). Après quelques années de musique vivante, Philippe Destrem m’a proposé un poste d’enseignant en vielle à roue, discipline qu’il assurait à l’École Nationale de Musique de la Creuse.
N.M.L. : Revenons sur les débuts du Département de Musique Traditionnelle à l’École Intercommunale de Musique de Haute-Corrèze.
D.B : L’ouverture a eu lieu en 1994, à l’initiative du Centre Régional des Musiques Traditionnelles. Au départ, j’ai eu trois heures d’enseignement de vielle à roue et d’accordéon diatonique. Daniel Gaillat, qui y enseigne le violon traditionnel, avait un élève. La deuxième année, les effectifs ont doublé pour moi, quadruplé pour lui. Maintenant nous dépassons les trente élèves pour l’année 1997-1998. Ce qu’il faut savoir, c’est que cette École Intercommunale fonctionne sur quatre cantons : Bort-les-Orgues, Neuvic, Ussel et Meymac
N.M.L. : Est-ce que la création de cet enseignement a suscité des demandes, des projets sur la musique en général et la musique traditionnelle en particulier ?
D.B. : Au départ, cela a été un peu timide, et rapidement les collègues qui enseignent d’autres musiques ont été intéressés par notre pratique,
et cela a permis notamment de mettre en place et d’élaborer la création « Les Chercheurs de Soleil ».
N.M.L. : Cette création, c’est quoi ?
D.B. : La base, c’est l’idée même du pays d’Ussel et de la Haute-Corrèze, ce pays de la montagne, et de greffer d’autres musiques à la musique de
tradition. Tout est parti d’un stage de formation-création pour les enseignants, toutes musiques confondues, sur le thème de l’improvisation.
Tout doucement, avec beaucoup d’hésitations, on a mis le côté musique traditionnelle et tradition en avant, et le spectacle est né, avec des commandes d’État attribuées aux deux compositeurs Alain Savouret, le maître-d’oeuvre, et Benjamin de la Fuente. ‘Les Chercheurs de Soleil » contient donc des musiques de tradition limousine, mais aussi classiques ou contemporaines, jouées par l’ensemble instrumental des professeurs de l’École. Le spectacle a eu lieu après deux années scolaires à la Chapelle de la Chabanne d’Ussel, les 22, 23, et 24 Avril 1997, mais j’aimerais vraiment qu’il continue, et c’est quelque chose qu’on va promouvoir. On a déjà un projet pour l’an 2000 « Les Troubadours d’hier et d’aujourd’hui », qui reprendra « Les Chercheurs de Soleil ».
Propos recueillis par Olivier Durif et Ricet Gallet (CRMTL) pour les Nouvelles Musicales en Limousin, n° 51, octobre-décembre 1997.