Philippe Ancelin, violoneux, et Nicolas Rouzier, chabretaire, tous deux enseignants de musiques traditionnelles en région Limousin, ont enregistré dernièrement sur disque compact (Réf. CD “…Tornarem dançar” Duo Ancelin-Rouzier – Musique du Limousin et d’Auvergne. Duo AR 01.) le fruit de leur complicité musicale et de leur passion.
Retour sur leur expérience d’enregistrement et sur leur démarche artistique de valorisation des musiques du Limousin et d’Auvergne.
Comment s’est constitué votre duo ?
Philippe Ancelin et Nicolas Rouzier : Il est né d’une envie commune de jouer le même répertoire, c’est-à-dire la musique des violoneux et des chabretaires. Le fait de travailler tous les deux sur la région et d’habiter la région de Limoges a été décisif.
Sur quel type de complémentarité sonore repose l’association chabrette-violon ?
Ce type de jeu génère une richesse en harmoniques, des volumes sonores égaux et donne la possibilité de garder les gammes originales utilisées par les musiciens traditionnels. Étant une cornemuse, la chabrette a un son continu et des bourdons ; Le violon permet aussi de jouer sur ce registre, à ceci près qu’il peut apporter en complément un jeu plus rythmique, ou en accompagnement.
Comment s’est opéré le choix d’utiliser aussi l’alto et de mettre en valeur le chant ?
Parce que nous trouvons ça beau ! Nous essayons les différentes formules avec les différents instruments – dont l’alto – et nous gardons ce qui nous plaît. La combinaison alto-chabrette joue sur les contrastes et nous permet chacun une grande liberté de jeu.
Concernant le chant, comme beaucoup des airs instrumentaux sont tirés de chansons, la tentation était de les chanter. De plus, la voix apporte une dimension encore plus humaine à cette musique.
La plupart des airs joués dans le disque sont issus des collectes réalisées dans les monts d’Auvergne et du Limousin. Comment s’est fait le choix de répertoire ?
Le disque est le reflet de notre pratique actuelle, par exemple en concert. Le choix des airs se fait en fonction de ce qu’ils nous “racontent”, et de ce que nous pensons pouvoir en faire. Cela marche beaucoup à l’affectif, par exemple jouer un air de Louis Jarraud – agriculteur en retraite au pied du Mont Gargan, une des sources de la tradition de cornemuse en Limousin – nous donne toujours un peu d’émotion.
Comment avez-vous conçu les séances d’enregistrement pour mettre en valeur la dynamique des musiques à danser ?
À chaque prise, nous jouions en donnant le maximum, bien que cela n’ait pas été en situation de bal. Les titres ont nécessité une ou deux prises seulement, notre souci étant de garder la spontanéité, et non pas de retravailler le son en studio. Le son a été pris tel quel, sans retouche ni remixage et nous avons eu la chance d’avoir un excellent preneur de son, aussi compétent qu’ouvert d’esprit.
Nicolas s’intéresse de plus en plus à la lutherie pour chabrette. Est-ce que cet enregistrement a été l’occasion de mettre en valeur un travail réalisé dans ce domaine ?
Oui, dans la mesure où il est indispensable d’avoir des instruments qui répondent à ce qu’on leur demande. Toutefois, ce travail se poursuit et se précise, grâce à un travail d’équipe avec Bruno Méraud et Gaëtan Polteau.
D’autres projets ?
Le disque était plutôt l’occasion de faire entendre ce que nous faisons actuellement. La musique se joue face à un public. Les projets sont donc : jouer en concert, en bal, etc. Par ailleurs, nous avons commencé un travail avec d’autres musiciens, sur un répertoire élargi au Poitou, avec hautbois, percussion, chant…
Propos recueillis par Dominique Meunier (CRMTL) pour les Nouvelles musicales en Limousin, n° 81, juin-septembre 2005.
Réf. CD “…Tornarem dançar” Duo Ancelin-Rouzier – Musique du Limousin et d’Auvergne. Duo AR 01.