Fait divers relatant un assassinat de deux jeunes mariés en 1890 à Saint-Donat (15)… en pleine marche de noce menée par un violoneux.
Terrible drame à St-Donnat(sic)
Un drame épouvantable vient de jeter la consternation dans la commune de St Donat.
Dimanche soir vers six heures, deux jeunes mariés, M. Montel, agé de vingt-trois ans et sa jeune femme Marie Cousteix, agée de dix-huit ans, accompagnés des gens de la noce, rentraient à leur domicile, au petit hameau de Ponnet après une promenade dans les environs ; un ménétrier marchait en tête comme cela se pratique encore dans nos campagnes.
La noce revenait par un petit sentier bordé de haies ; le ménétrier, à l’approche des maisons, accentuait sur son violon les airs bien connus de nos montagnards et les jeunes gens du cortège y répondaient par les cris en usage dans le pays.
Tout-à-coup, un coup de feu partit d’une haie et le marié roula dans la poussière. Un cri d’épouvante fut poussé par tous les invités. Au même instant un second coup de feu retentit et la jeune mariée vint tomber sur le cadavre ensanglanté de son mari.
Les invités se précipitèrent au secours des deux victimes sans songer, tant leur stupeur était grande, à poursuivre le meurtrier qui put, ainsi protégé, du reste, par la nuit, prendre la fuite.
Les deux infortunés ont été aussitôt transportés à leur domicile. Les premiers soins furent donnés à la jeune femme ; quant à M. Montel il avait été tué sur le coup.
À deux heures du matin, après d’horribles souffrances, Mme Montel rendait le dernier soupir.
Le Parquet d’Issoire se transporta au village de Ponnet pour procéder à une enquête. Les soupçons se portèrent sur le nommé Manaranche, jeune homme de vint-deux ans, du même village que la mariée. Manaranche, dit-on, était vivement épris de la jeune fille.
Il l’avait demandé en mariage et avait été éconduit.
Manaranche avait disparu de son domicile depuis dimanche soir. Lundi on fit des recherches dans les bois environnants qui n’amenèrent aucune découverte. Ce n’est que mercredi qu’on a trouvé le cadavre de Manaranche dans un taillis à environ cent mètres de sa demeure, la poitrine trouée par une balle, son fusil à côté de lui. Le corps était déjà rigide. Le jeune homme a dû se donner la mort aussitôt après avoir accompli son crime.
Le Petit Ussellois, 13 décembre 1890, (114 Pr 3)(références des Archives Départementales de la Creuse)