Pifraires de Delai l’Aiga

Un petit tour en Amérique latine et Caraïbes, à la découverte des musiques de flûtes et percussions

Danza-de-BailaviejoVoici un nouveau voyage à travers les musiques des pays latino-américains, cette fois sur le thème des groupes associant des flûtes, de types variés, à des percussions qui ne le sont pas moins. Ce type d’ensemble est attesté aussi bien dans les musiques autochtones précolombiennes, que dans les traditions ibériques et africaines. Le brassage des peuples et des cultures dans le nouveau monde a mélangé ces différents apports, générant une multitude de styles régionaux dans une vie musicale intense, où les influences sont parfois difficiles à démêler (ce qui n’enlève rien au plaisir de l’auditeur, bien au contraire).

Parmi cette diversité, on peut dégager quelques grands types de formations instrumentales :

  • des musiques où une riche polyrythmie de percussions est « surmontée » d’une flûte seule (Antilles, Selva péruvienne, Colombie, Nordeste brésilien, Oriente bolivien, tamborileros mexicains de Tabasco…) ou d’une paire de flûtes (gaitas de la côte atlantique de Colombie, bandas de pifanos du Nordeste brésilien,…). L’influence africaine est évidente dans certains de ces styles, que l’on trouve surtout dans les régions de climat tropical.
  • des ensembles où un grand nombre de flûtes de même type (flûtes à encoche, de Pan, à conduit, traversières) sont soutenues par quelques tambours. Ce genre de groupe est d’origine plutôt amérindienne, et se trouve surtout dans les territoires de l’ancien empire inca et les régions voisines (Pérou, Bolivie, Equateur, Nord de l’Argentine et du Chili, sud de la Colombie). Ces flûtes sont souvent jouées par familles, c’est-à-dire avec le même instrument décliné en plusieurs tailles, avec un jeu en « paraphonie » (en octaves, quintes ou quartes parallèles).
  • entre les deux, on trouve des ensembles où les flûtes et les percussions sont en nombre à peu près égal, telles les « bandas tipicas » du département de Cajamarca au nord du Pérou, qui associent de 2 à 4 quenas (flûtes à encoche) à une section rythmique de 3 ou 4 percussionnistes.
  • Un autre type d’association voit la flûte et le tambour joués par un même musicien (comme dans le couple galoubet-tambourin provençal, et autres flûtes à une main) : cette formule musicale peut-être venue d’Espagne a été recrée, notamment au Mexique et au Pérou, avec des tailles d’instruments et des sons variés. Ces musiciens jouent parfois en groupe de 2, 3 ou plus instrumentistes, comme les joueurs de « roncadoras » de la province d’Ancash au Pérou. Il faut noter que beaucoup d’ensembles de flûtes de Pan voient également flûte et tambour joués par un même musicien.
  • Enfin, beaucoup de petits ensembles sont constitués (comme la ripataoulère gasconne en France) d’une seule flûte accompagnée d’un petit nombre de percussions, par exemple un ou deux tambours (un tambour grave et un plus aigu). C’est le cas d’un certain nombre de styles indigènes au Mexique (musique de Tabasco), et dans bien d’autres pays.

Je vous propose donc une découverte (non exhaustive) de ces musiques, à travers quelques vidéos visibles sur Youtube, parmi des centaines d’autres… En route !

MEXIQUE

Commençons par le Mexique, où l’on trouve beaucoup de musiques de flûtes et tambours, notamment chez les descendants des peuples amérindiens. Ce type de groupe est souvent appelé « chirimia », mot qui désigne originellement des hautbois populaires, et par extension un certain nombre de musiques de vents et percussions (on retrouve ce terme aussi en Colombie). D’autres termes permettent de trouver ces musiques : « pito y tambor », « flauta y tambor », « tamborileros » etc. Les flûtes sont la plupart du temps de type « à conduit » (type pipeau ou flûte à bec) en roseau.

ÉTAT DE OAXACA
(au sud du Mexique, entre le guerrero et le Chiapas) : La Chirimìa de Santa Marìa Tavehua

TAMBORILEROS DE L’ÉTAT DE TABASCO
Dans cet état du sud-ouest, proche de la péninsule du Yucatan, on trouve un style important associant une flûte de roseau aigüe à plusieurs tambours à baguettes, ces musiciens sont appelés «tamborileros ». Parmi les groupes visibles sur Youtube, citons « La Voz de los Chontales » et « Los Chontales de Nacajuca » (du nom du peuple amérindien peuplant originellement cette région), « Tamborileros de Tabasco » (nom générique plutôt qu’un groupe en particulier), « Sangre Tabasqueña », « Tamborileros de la Tecnica 47 », etc. Le nom de la danse « bailaviejo » permet aussi de trouver des vidéos intéressantes.

Danza de Bailaviejo

PANAMA

Continuons, en survolant l’Amérique centrale, avec la tribu des Kunas et ses étonnantes danses effectuées par les hommes jouant des flûtes de Pan et les femmes jouant des hochets. On peut les voir sur de nombreuses vidéos sur Youtube, filmées par des touristes, car les Kunas ont réussi à maintenir au moins en partie leur identité culturelle tout en s’ouvrant à un tourisme contrôlé.

INDIENS KUNA DE PANAMA : FLÛTES KAMU-PURRUI

 

ANTILLES : LA FLÛTE DES MORNES

Les Antilles francophones résonnent aussi d’une flûte traversière : la « toutoun’ bambou » de la Martinique, remise à l’honneur sous le nom de « flûte des Mornes » par Max Cilla, l’un de ses ardents promoteurs. On peut citer aussi les noms d’Eugène Mona, Dédé Saint-Prix et Léon Saint-Rose .

Max Cilla : Hommage à Aime Césaire

Groupe BOI Mannyok : « Le son de la flûte des mornes des antilles »

 

VENEZUELA

VENEZUELA : FLÛTES DE PAN DE L’ÉTAT DE FALCON
Dans ce pays, les flûtes sont plutôt associées aux cultures amérindiennes survivantes, et sont peu présentes dans la musique populaire la plus courante. Parmi des types organologiques variés, on peut citer des flûtes à encoche particulières utilisées dans le « Baile de las Turas », danse rituelle de l’état de Falcón. Du même état, voici une vidéo où l’on peut voir des flûtes de Pan combinant une technique de jeu amérindienne (jeu « en hoquet » de flûtes complémentaires) avec un matériau musical (mélodie et harmonie) plutôt occidental.

BRÉSIL : BANDAS DE PIFANOS DU NORDESTE

La région du Nordeste brésilien, riche en traditions musicales, est animée par d’innombrables ensembles de flûtes dits « Bandas de pifanos » (groupes de fifres), où deux flûtistes (parfois un seul) jouent avec plusieurs percussionnistes aux instruments complémentaires (caisses et tambours de différentes tailles, triangle, cymbales). Les flûtes appelées pifano, pifaro ou pife, sont souvent des traversières en bambou (voire métal ou PVC), mais il y a aussi des flûtes à conduit, comme dans le premier exemple. De nombreuses vidéos montrent ces musiciens en situation, parmi lesquels des maîtres respectés de l’ancienne génération comme « Zabé da loca » ou « Zé do pife ».

COLOMBIE

COLOMBIE : LES GAITAS DE LA CÔTE ATLANTIQUE
La côte atlantique de la Colombie offre une musique très marquée par la culture africaine, avec des percussions polyrythmiques et des chants responsoriaux (par exemple le style du « bullerengue »). Curieusement, cette musique a aussi intégré des flûtes très particulières d’origine amérindienne, les kuisi, appelées en espagnol gaitas (à ne pas confondre avec les différentes cornemuses portant ce nom en Espagne). Ce sont de grandes flûtes à conduit, la plupart du temps jouées par paire (flûtes « mâle » et « femelle »), dont la mâle se joue d’une seule main, l’autre jouant une paire de maracas. Le son est riche et chaud, plein de souffle et d’harmoniques. Ces flûtes jouent notamment la forme traditionnelle de la cumbia, danse qui sous des formes orchestrales « modernes », a essaimé dans toute l’Amérique latine.



COLOMBIE : LES ENSEMBLES « CHIRIMIAS » DE LA RÉGION ANDINE
Un autre type d’ensemble appelé « chirimia », typique du sud-ouest de la Colombie, repose sur des flûtes traversières de bambou associées à diverses percussions (tambour et guacharaca, c’est-â-dire râcle en calebasse). Le nom de « chirimia » peut être trompeur, car il désignait originellement un hautbois qui a disparu de ces groupes, et désigne aussi, dans la musique afro-colombienne de la côte Pacifique, d’autres formules instrumentales (clarinettes et percussions, ou petites bandas avec des cuivres), et même un style de musique et de danse. Nous verrons d’abord des exemples de styles musicaux de deux peuples amérindiens, les Yanacona et les Guambianos, puis le « Sonora Sitiseña All Star ».


 

EQUATEUR : RONDADOR ET TAMBOUR

Voici maintenant un exemple de musicien jouant à la fois d’une flûte de Pan et d’un tambour, ici en solo. Le rondador est une flûte propre à l’Equateur, de conception très particulière : les tubes d’une gamme pentatonique alternent avec une autre gamme plus grave, d’où un mélange de tubes courts et de plus longs. Cette disposition permet, vu le faible diamètre des tubes, de faire sonner en même temps une ligne mélodique et son accompagnement à la tierce en-dessous (le lien https://www.youtube.com/watch?v=i2zKaTmFMCA permet de trouver une belle démonstration de ce style de jeu : « Rondador Improvisation »).

PÉROU

PÉROU : LES ANTARAS DE CAJAMARCA
La région de Cajamarca au nord du Pérou possède des styles musicaux particuliers, avec un style de chant à deux voix au timbre très typé, ainsi que des flûtes de Pan pentatoniques, les antaras. On peut les entendre ici joués par un duo féminin qui s’auto-accompagne aux percussions. Ce jeu en groupe est assez récent pour cet instrument, autrefois lié dans cette région à une musique solitaire et pastorale. Aujourd’hui on le trouve associé au chant et à des instruments à cordes chez des groupes tels que « Las Campesinas de Cajamarca », « Los Reales de Cajamarca », « Las Virnaguitas de Cajamarca », « Antaras andinas », « Los Nativos de Cajamarca », « Saul Coba Lozano » etc. Le rythme est celui du huayno cajamarqueño, très vif et serré.


PÉROU : LES BANDAS TIPICAS DE CAJAMARCA
Dans la même région, on trouve de nombreux ensembles de flûtes et percussions appelées « bandas tipicas » (par opposition à la « banda orquesta » qui est une fanfare de cuivres, saxos, clarinettes). De deux à quatre quenas (flûtes à encoche) sont accompagnées par des percussions de type « moderne ». Le jeu à deux voix reproduit fidèlement les intervalles et la vibration originale du style régional de chant , qui est souvent présent en alternance avec les flûtes. On peut trouver de nombreuses vidéos de ce type de groupe : Los Acuntas de Chota, Los Alegres de Chanta Baja, Banda San Antonio de Lajas, Los Chalecos de Chota, Los Cristales de San antonio Bambamarca, Los Aguilas de Cutervo, Los Angeles de Cajamarca, La Voz de Celendin, etc

PÉROU : LES RONCADORAS D’ANCASH
Dans cette région du centre-ouest péruvien, au nord de Lima, on trouve une autre tradition de flûtes au son incroyable : les roncadoras. Il s’agit de flûte à conduit jouées à une main (comme le galoubet où la flûte béarnaise), l’autre jouant d’un grand tambour . Cette formule instrumentale est vraisemblablement venue d’Espagne (en Andalousie et peut-être dans d’autres régions, ces musiciens sont appelés« tamborileros »), mais les péruviens lui ont imprimé un cachet fortement amérindien : échelles pentatonique des mélodies, rythme du huayno, son « double » de la flûte, riche en harmoniques multiples et en souffle, et plus proche du son du kaval ou des flûtes africaines que de la flûte à bec.

PÉROU : FLÛTES DE LA PROVINCE DE CUSCO
D’autres régions andines du Pérou enrichissent l’éventail des types de flûtes : dans la région de Cusco, ancienne capitale incaïque, on joue des traversières « k’inray pito » associées à des tambours traditionnels. Les pitos sont également joués par paires en alternance avec des paires de trompettes de cavalerie et des « waca waccra » (cornes de vaches) dans des ensembles appelés « Bandas tipicas », dans les régions de Cusco et Apurimac, animant notamment toutes les festivités et rituels liés à l’élevage bovin et à la tauromachie.
Dans la province de Cusco, les communautés indigènes jouent également de grandes flutes à conduit appelées « pinkuyllu », au son particulier représentatif de l’esthétique autochtone : on retrouve le « son double », riche en harmoniques, et où se mêlent des composantes graves et aigües, dans un jeu collectif soutenu par des tambours rustiques. Là comme ailleurs, l’usage de ces flûtes sort peu à peu de son usage strictement rituel, pour être utilisé par des groupes dans des combinaisons instrumentales nouvelles (par exemple avec guitares et mandoline par « Los autenticos Carnavaleros de Chumbivilcas), mais qui restent marquées par cette couleur sonore puissante.




PÉROU : MUSIQUE DE LA SELVA
La partie amazonienne du Pérou nous offre une musique originale, peu connue en Europe, et qui fait partie des styles que j’ai découvert tout récemment. Des quenas, flûtes à encoche descendues des hauteurs andines, viennent se mêler à une section rythmique plus « tropicale », très dynamique, qui donne une coloration tout à fait différente aux mélodies péruviennes. Le répertoire inclut des mélodies de cumbias, à côté de danses plus locales (pandilla). D’autres groupes du même type remplacent la flûte par un saxophone ou une clarinette jouée dans l’aigu, toujours en soliste mélodique avec une forte présence des percussions.

BOLIVIE

BOLIVIE : MUSIQUES DE L’ORIENTE
La partie amazonienne de la Bolivie, l’« Oriente », nous offre d’autres traditions de flûtes et tambours, assez proches dans la forme des musiques « selvatiques » péruviennes, ainsi que des ensembles colombiens on brésiliens. Dans la région de Santa Cruz au sud de cette zone, ces ensembles sont appelés « tamboritas ». Le département du Béni, au nord du précédent, résonne également de ces flûtes traversières, notamment en accompagnement de la danse dite « macheteros ».


BOLIVIE : LES MOSEÑADAS
Revenons maintenant vers des régions plus élevées, montagnes et hauts plateaux, où la base musicale est nettement amérindienne. Voici maintenant une forme d’orchestre de flûtes au son inoubliable, les moseños ou mohoceños. Trois tailles de flûtes, jouées en quinte et octaves parallèles, « surmontées » d’un hautbois nommé chirimia, avec des tambours wankaritas, sont jouées avec un maximum de puissance de souffle, pour un résultat sonore magnifiquement ravageur !


HAUTS-PLATEAUX BOLIVIENS ET PÉRUVIENS : LES TARKAS
Les tarkas sont de grosses flûtes à conduit en bois, de section partiellement carrée, au son très caractéristique. Le jeu en quinte parallèle (deux ou trois tailles de l’instrument sont jouées en parallèle), la facture de l’instrument et la puissante technique de souffle employée concourent à cette couleur unique, ces sons saturés et « mugissants » répétant inlassablement des mélodies obsédantes lors des fêtes de l’altiplano. Le titre de la vidéo donne les différentes orthographes du nom de ce style musical, représenté par un grand nombre d’ensembles populaires.

BOLIVIE – PÉROU -CHILI : ENSEMBLES DE FLÛTES DE PAN
Voici d’autres instruments bien connus comme caractéristiques des Hauts-plateaux andins, même si, on l’a vu, les flûtes de Pan sont employées par divers peuples autochtones dans d’autres zones de l’Amérique du sud. Les orchestres andins de flûtes de Pan et tambours sont un héritage des cultures précolombiennes du Pérou, particulièrement vivace dans la région entourant le lac Titicaca, et de façon plus générale dans le sud du Pérou, les hautes terres de Bolivie, le nord du Chili et la région de Jujuy au nord-ouest de l’Argentine. Ils existent aussi en Equateur (flûtes Payas). Ces orchestres, jouant à l’extérieur pour toutes sortes de fêtes, peuvent comprendre un très grand nombre de musiciens. Les flûtes, dont les noms les plus courants sont « sikus » (en aymara) et « zampoña » (en espagnol) sont le plus souvent jouées par paires complémentaires, construites en plusieurs tailles. De nombreux types régionaux se différencient par l’accord, le nombre de tuyaux, le nombre de tailles, ainsi que le répertoire, la rythmique et le contexte rituel de jeu (par exemple les jach’a sikus, laquitas, sikus de Italaque, k’antus, suri-sikus, marimachos etc). Comme pour les autres flûtes, l’idéal sonore n’est pas l’obtention d’un son « pur » ou « propre », qui paraîtrait pauvre, mais plutôt un son très timbré, épais, riche en harmoniques et parfois à la limite de la saturation, intégrant aussi le bruit du souffle du musicien. Il faut bien faire « roncar » (ronfler) les tubes, les mettre fortement en vibration.
Certains styles connaissent des évolutions modernes, notamment des groupes de la région de Puno au Pérou, développant de riches tapis harmoniques (par exemple « Los Aymaras de Huancane » ou « Wiñay Qhantati Ururi » de Conima), ou les lakitas du nord chilien intégrant à leur répertoire de nombreuses cumbias.
Parmi les quelques exemples de vidéos que je vous propose (le sujet est extrêmement vaste),
vous pourrez voir les « Sikuris de Taypi Ayka » où chaque sikuri (joueur de flûte de Pan) joue en même temps du tambour, les suri-sicus au jeu très particulier, « en écho », et quelques autres, pour finir avec le groupe chilien de lakitas « Matriasaya » composé de jeunes femmes, ce qui est encore exceptionnel sur un continent où les femmes sont surtout chanteuses, la pratique instrumentale restant un fait essentiellement masculin dans les musiques traditionnelles.








J’espère que ce voyage vous aura plu et donné l’envie d’en découvrir plus, ainsi peut-être que des pistes pour enrichir la pratique actuelle de nos propres répertoires traditionnels. En effet, pour ma part, ces sons andins et sud-américains que j’ai toujours aimé rejoignent sur plusieurs points ce que je recherche dans des traditions plus proches : la diversité de la famille des flûtes, la richesse et la variété des sons, les couleurs sonores non tempérées, l’importance de la rythmique, la force du jeu collectif, la musique de plein air et sa fonction sociale…
Ces musiques de flûtes et percussions, souffle et frappement, nous ramènent à des sensations humaines primordiales et intemporelles. Dans ces musiques vigoureuses et puissamment colorées, nous pouvons trouver de quoi enrichir notre jardin, un stimulant pour retrouver/réinventer notre propre héritage.