Avouez-le…
Avouez-le… Quand vous avez regardé la photo au-dessus de cet édito – signée de l’ami Sylvestre Nonique-Desvergnes et prise pendant la Nuit de la Bourrée en janvier dernier – vous avez pensé ceci : « mais on était tout collé les uns aux autres ! ». Si vous ne l’avez pas pensé, moi, je l’ai pensé. Et cette photo a exactement cinq mois aujourd’hui, quand j’écris ces lignes. Et cinq mois, c’est quoi dans une vie ? Ce n’est rien… Et pourtant… Il y a dans cette photo comme une impression étrange d’un autre monde, d’une autre époque. Celle où l’on pouvait se tasser à 500 personnes dans cette salle des fêtes surchauffée de Sainte-Féréole, où l’on pouvait danser avec qui l’on voulait, où l’on explosait ce soir-là son record personnel de bises, d’embrassades, de poutous, de câlins, où l’on transpirait dans la guinche, où l’on buvait dans un écocup un fond de bière en se demandant si c’est bien celui-là qu’on avait posé tout à l’heure sur la table… Maintenant que j’y repense, ce n’était peut-être même pas cette table, en fait…
Aujourd’hui, on ne le ferait pas. Ce tout petit virus nous en empêcherait, nous en priverait…
Mais ce que nous montre ce tout petit virus, c’est que les valeurs de solidarité, de coopération, d’intérêt général que nous défendons et mettons en œuvre au Crmtl sont les bonnes, sont celles qui nous permettent de penser la crise, celles qui nous permettent de penser l’après. Notre défense des droits humains fondamentaux, l’inscription des droits culturels des personnes dans nos textes comme dans nos actions, l’attention portée aux territoires sur lesquels elles se déroulent, les relations de qualité que nous tissons avec les bénévoles, les salariés, les professionnels, les amateurs, nos partenaires, sont autant de principes et d’outils pour inventer notre sortie de crise, nos pratiques associatives de ce jour et de demain. Notre volonté d’organiser des événements respectueux des personnes, écologiquement responsables, ancrés localement, co-construits, n’est pas émoussée par cette situation. Elle en est renforcée. Parce que quand la réalité nous empêche de faire relation avec les autres, il n’y a que deux options : nous cessons d’entrer en relation ou nous imaginons comment continuer à faire humanité ensemble, dans cette proximité, dans l’attention et l’insouciance, sans « barrières », sans « distanciation sociale ». Nous avons choisi la seconde option : les éléments que vous trouverez dans cette lettre d’information en sont la traduction. Ceux que nous imaginons pour la rentrée, pour les mois à venir en seront la concrétisation, dans une logique de solidarité, d’attention et de responsabilité envers celles et ceux qui sont le plus touché·e·s par cette crise.
Ricet Gallet, chargé de la direction stratégique et politique, pour l’ensemble des salariés et des administrateurs du CRMTL.