Violoneux corréziens

« Jugar dau violon » : Enregistrement 1975-1978

« Jugar dau violon » – Enregistrements 1975-1978

Elie CHAMBERET • Julien CHASTAGNOL • Henri LACHAUD • Jean LAMOUR • François MALTHIEU • Léon PEYRAT • Gaston POUGET

Réédition du disque 33 tours « Violoneux corréziens » produit en 1979 par la Fédération des musiciens routiniers.

Label
RéférenceAnnéeSupportPrix unitaire
CRMTLCRMT0072001CD18,00 € – ÉPUISÉ

Morceaux, plages

Jean LAMOUR

1 Marche de noce
2 En passar la plancheta
3 Abal dins la ribiera
4 Les forgerons aiment le vin
5 La Courbiase
6 Para lo lop
7 Quau te mena

Gaston POUGET

8 Ont menarem
9 Scottish
10 Bourrée é Berthout
11 Bonjour à Françoise
12 La Champagnac
13 N’a ben tant dancat
14 Quadrille

Léon PEYRAT

15 Lo merle
16 Polka de Naves
17 La mort qui rôde
18 Bourrée de Trech
19 Marche
20 Garda ton bon temps

François MALTHIEUX

21 Paubres garçons
22 L’Ajassonne
23 À la santé du père François
24 Polka piquée
25 Bourrée à Magadou

Elie CHAMBERET

26 Marche de Rempart
27 Pierre Labora
28 Los garçons d’a Neuviala
29 Valse des conscrits
30 Polka de Meymac

Henri LACHAUD

31 Maire se sabias s’ente io vene
32 Tu lo li tendràs
33 Bourrée de la Vedrenne
34 Qu es ton dedau
35 Tucha los ganhons molineria

Julien CHASTAGNOL

36 La marche du Juif errant
37 Bourrée des vieux
38 Polka
39 La calha
40 Jésus-Christ tout puissant

Intervenants

Jean LAMOUR Violon (1-7), Gaston POUGET Violon (8-14), Léon PEYRAT Violon (15-20), François MALTHIEUX Violon (21-25), Elie CHAMBERET Violon (26-30), Henri LACHAUD Violon (31-35), Julien CHASTAGNOL Violon (36-40).


Livret Cd Violoneux Correziens
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La musique

Lorsque, un peu par hasard, nous avons commencé à nous intéresser aux violoneux corréziens, notre désir d’apprentis violoneux était de retrouver des individualités qui nous apprendraient des airs, du répertoire. Au fur et à mesure de notre recherche, en même temps que le cercle des musiciens s’agrandissait, nous nous sommes aperçus que loin d’être isolés, porteurs d’un savoir quasi miraculeux, ces violoneux, témoins certes privilégiés, n’étaient que l’embryon d’une tradition musicale fortement enracinée dans la vie populaire corrézienne. Mais cette musique qui, il faut bien le reconnaître, allait disparaître, était si ancrée dans le quotidien des gens que plus personne n’en parlait : on dansait à l’occasion avec le « père » qui jouait du violon, on l’avait entendu jouer à la fête votive quelque vieille bourrée, mais il ne serait venu à l’idée de personne de le réclamer comme son patrimoine régional, voire folklorique. Le folklore, c’était autre chose, c’était l’accordéon, c’était la cabrette, c’était les groupes folkloriques (avec accordéon, vielle, cabrette, et, accessoirement, violon).

Ainsi, en questionnant les gens, nous nous sommes aperçus que toute une génération encore vivante[1] n’avait dansé qu’au son du violon, la génération suivante l’avait relativement bien connu, et même les jeunes dans certains cas s’en souvenaient (J.P. Champeval, 27 ans, se rappelle que tout jeune, passant ses vacances près de Chaumeil, il allait avec ses camarades rendre visite au père Malagnoux qui leur jouait du violon… ce qui les divertissait beaucoup). Ainsi ce violon présent jusqu’à maintenant dans toute la Corrèze n’a jamais véritablement eu, aux yeux des Corréziens, ce rôle de symbole qu’a revêtu la cabrette en Auvergne ou la vielle en Berry, par exemple. Une illustration remarquable de cet état de fait est fournie par le chantre Corrézien Jean Ségurel, lui-même ancien violoneux, et qui, dans la pratique courante, s’est souvent plu à jouer avec les violoneux locaux, mais qui a enregistré ses disques de bourrées corréziennes accompagné par un cabretaire des milieux auvergnats. Il est vrai, aussi, que l’image du violon, du violoneux, a toujours souffert la comparaison avec le prestigieux violon du violoniste classique, les notables locaux se chargeant souvent de dévaluer la musique des violoneux et de la rabaisser au rang de mauvaise musique. Ainsi, Oscar de la Roche Vengesse, parlant des musiciens en 1902 : « Jadis, le ménétrier y sonnait de la chabreto ou de la vielo, le violon, hélas, et quel violon, s’est emparé de la vogue… »[2]. Ainsi, le docteur Henri Taguet, dans la revue « Limouzi », en 1907 : « … Un racleur de cordes ou un chabretaire précède la noce… ». Cet état de chose a imprégné les mentalités beaucoup plus qu’on ne le pense, jusqu’aux violoneux eux-mêmes, souvent complexés de l’empirisme de leur savoir face à la rationalité de ce musicien qui joue sur partition (« “un artiste”, lui, il joue par notes… »)[3]. Ceci explique en tout cas leurs premiers étonnements de nous voir si intéressés par leur musique.

Il est certain aussi que le violon, instrument intimiste (les musiciens faisaient danser une vingtaine de personnes au maximum) tout à fait adapté aux occasions de musique d’une société rurale regroupée autour du noyau familial, voire de la communauté d’un hameau[4], a beaucoup souffert de la dégradation au cours des trente dernières années des pratiques communautaires telles que : travaux saisonniers, veillées, etc., et plus généralement de la vie qui y était liée.

M. Peyrat situe vers 1930 la substitution de la ferme familiale comme lieu de la noce, par les salles de bal des hôtels et auberges du village, voire de la ville voisine, lieux réputés plus grands, plus anonymes aussi. Il se souvient d’un sensible changement d’« ambiance » opéré à cette époque à la campagne et de la fin ou de la désagrégation d’un certain nombre d’occasions de musique (sortie de messe, bal des foires, fêtes de la « Lève »[5], carnaval).

Cette faiblesse du niveau sonore du violon est une des causes de la désaffection (au profit de l’accordéon d’ailleurs solidement implanté en Corrèze grâce aux fabriques Maugein et Dedenis) beaucoup plus qu’un quelconque changement de musique (arrivée du répertoire de l’époque : tangos, Javas, paso-dobles, chaloupées) auquel les violoneux s’étaient plus facilement adaptés que d’autres instrumentistes traditionnels tels que chabretaires ou vielleux. La vogue de la dernière génération de violoneux ayant pratiqué commence dans les années de l’après-guerre 1914-1918 et culmine vers les années 1925. Vers 1930, le violon perd sa prééminence au profit de l’accordéon et, désormais, ne jouera plus qu’un rôle de plus en plus épisodique. On constate toutefois une légère reprise d’activité après 1945 ; celle-ci sera sans suite, entre-autre du fait que la génération suivante, qui aurait pu prendre la relève, n’a pas entrepris l’apprentissage de l’instrument.

On peut remarquer que pour la génération des musiciens rencontrés, la période d’apprentissage est de très courte durée, et pratiquement l’activité commence aussitôt. Les musiciens jouent leur premier bal ou noce vers 13-14 ans en moyenne (parfois plus tôt pour certains) et leur grande période d’activité se situe vers l’âge de 20 ans, avant le service militaire et le mariage, c’est-à-dire au début des années mille neuf cent trente. li faut savoir toutefois que la génération des violoneux précédant ces musiciens est toujours en activité à cette époque et jouit parfois pour certains, selon les propres témoignages de ces derniers, d’une réputation supérieure à la leur: des musiciens tels que Rempart de Meymac, le « Barbierou » de Saint-Angel, Vayssière de Sarran, Lachaud de Saint-Yrieix, Piccard, gardent aux yeux de nos musiciens un prestige qui, bien que certainement embelli par le recul du temps, est sans doute réel.

M. Chastagnol parlant de Léonard Lachaud de Saint-Yrieix :

« Oh ! mais pour les bourrées, celui-là… il était plus fort que nous ! »

« … de partout aux alentours, on n’a qu’un nom en tête, Piccard, Piccard, Piccard ! » témoigne vigoureusement Célestin Tramond, ancien violoneux à Lagarde-Enval, à l’égard de ses glorieux aînés.

Cet état des réputations, quoique reposant parfois sur des bases aléatoires6[6], semble quand même établir une prééminence des musiciens d’une période allant de 1890 à 1914. C’est pendant ces années-là que les concours d’instruments populaire[7] connaissent un certain essor en Corrèze et sont un indice supplémentaire de la popularité de l’instrument. « Le Corrézien » du 17 juillet 1900, rendant compte de la fête du quartier du Trech à Tulle, signale : « le numéro qui a obtenu le plus de succès est le concours de chabrettes, violons, etc. Chacun voulait entendre le (?) vieil instrument limousin et comparer le “jeu” des musiciens rustiques dont le doigté ou le coup d’archet donnait le mieux les morceaux populaires des bals champêtres ». Un certain nombre de concours sont organisés autour des Monédières, au Lonzacs[8], à Corrèze et Égletons[9] dans les années 1900 à 1905. Cette vogue du violon est attestée par un certain nombre de témoignages écrits de la fin du XIXe siècle. Ainsi, E. Decoux-Lagoutte[10] écrit en 1888 : « La chabrette et la vielle sont les instruments les plus en honneur, le violon les bat en brèche et les remplacera bientôt » ;

« Dans le Haut-Limousin, la chabrette l’emporte et c’est plus champêtre, dans le Bas-Limousin, c’est le violon et c’est un peu plus civilisé…[11] » ; distingue en 1896 l’abbé Gorse dans son livre sur les traditions du village d’Orliac-de-Bar, au-dessus de Tulle. Le même Oscar de la Roche-Vengesse, cité plus haut, déplore cette mode naissante du violon.

Si, en cette fin de siècle, la mode est au violon, son apparition en Corrèze est sans doute plus ancienne. Dès 1820, dans son remarquable dictionnaire sur le patois du Bas-Limousin, Nicolas Béronie[12] , au mot « viouloun », signale que l’instrument vient de faire son apparition en Corrèze et même que « … certaines personnes “n’entendent” pas le son de l’instrument… », indiquant peut-être l’arrivée de l’instrument pour les premières années du XIXe siècle. L’état actuel de notre recherche ne nous permet pas d’en dire plus à ce sujet. Beaucoup d’écrits, parmi ceux que nous avons cités et d’autres aussi, mettent en parallèle le violon et la chabrette, voire la vielle. Pour notre part, au cours de notre recherche auprès des violoneux, nous n’avons pas retrouvé de témoignages évoquant cette dualité ; parfois, de-ci de-là, quelques musiciens isolés, notamment en aval de Tulle, le long de la Corrèze, et du côté de la Xaintrie, aux confins du Cantal, ainsi que plus généralement du côté du Bas-Pays corrézien. Par contre, il nous a été souvent évoqué la présence du chanteur de bourrée, ou plus précisément de la chanteuse, montée sur une estrade et frappant le sol avec un bâton, et ce, jusqu’autour des années 1930 (faute de musiciens, on assiste pendant la dernière guerre à un renouveau de cette pratique dans les 1 bals clandestins •). «  … Les lumières qui brillent dans le village nous rappellent à l’auberge où, à défaut de violon, une vieille femme chante la bourrée… », raconte un récit sur le village de Gimel en 1900[13].

Dans sa remarquable monographie de Naves, Victor Forot[14] précise : … Le jour de la vote, bien avant dans la nuit, on entend encore les violons de la danse et les chants des jeunes campagnards… •.

Plus avant encore, le même Émile Decoux.Lagoutte10 décrivant les bals autour de Treignac :

« Tous les bals champêtres n’ont pas l’avantage de posséder un instrumentiste, dans ce cas, les personnes de bonne volonté s’arment à tour de rôle d’un lourd bâton, et marquent la mesure en frappant le sol pour accompagner leur chant et au besoin pour tenir lieu de toute musique ».

Comme ce texte nous le précise et comme on nous l’a confirmé oralement, le chanteur n’est pas un spécialiste, même si certains y déploient un art plus grand que d’autres et s’y forgent parfois une certaine réputation. C’est un membre de la communauté de la danse qui assume cette fonction de faire danser les autres.

Cette omniprésence du chant en Limousin nous semble beaucoup plus que tout autre capable d’avoir impressionné le style violonistique corrézien. Chez les musiciens que nous avons rencontrés, le répertoire hérité des chansons apprises dans le cercle familial est très important et souvent beaucoup plus marquant que les acquis postérieurs.

Pour les bourrées, la quasi-totalité du répertoire est constituée de chansons et le nombre des airs uniquement instrumentaux est très réduit et réservé il quelques morceaux « virtuoses » utilisant les trois, voire exceptionnellement les quatre cordes du violon. Le problème de la virtuosité est d’ailleurs assez marginal au violon corrézien.

L’art du violoneux est avant tout fonctionnel : « Untel ne les coupe pas… ». « Untel a une cadence formidable pour faire danser… ».

Plus que sur la virtuosité, la réputation des musiciens est avant tout fondée sur une intensité de leur musique, faite d’une qualité de son, de cadence, de répertoire, appréciée et reconnue parfois à l’intérieur de la seule localité où le musicien réside. Entretien avec Julien Chastagnol en novembre 1975 :

– « Est-ce que vous connaissez la bourrée, “Les Cornards de Tulle” ? »

– « Ah oui ! Je la connais… mais je ne la jouais pas. Tenez, ce Lachaud de la Vedrenne… Ah ! qu’il la jouait bien… »

La force de la relation musicale vient d’une intimité avec l’auditeur, simple complicité entretenue par un air évocateur d’un événement, d’une personnalité locale, d’un ancien musicien, jusqu’à la sensation très fine de l’auditeur qui reconnaît dans le jeu du musicien les critères rythmiques et ornementaux de la tradition locale, et ce, même au travers d’un répertoire parfois répandu dans tout le Limousin, voire l’Auvergne même. C’est cette qualité de rapport musicien-auditeur qui justifie et authentifie la phrase désormais galvaudée par un certain régionalisme : « Pour bien le comprendre, il faut être du pays… ».

L’instrument

« Mais quelle est donc la différence entre le violon classique et le violon du violoneux ? »

Cette question nous est souvent posée ; en fait, la différence réside non pas dans l’instrument lui-même, mais dans son « mode d’emploi ».

L’enquête entreprise en Corrèze depuis 1974, nous a permis de retrouver des violons de tout âge et de diverses origines, qui portent des inscriptions très variées : Medio Fino, Compagnons, Sarazate, copies de Stradivarius, de Guarnérius, d’Amati. En majorité, ce sont des violons dits d’étude, que l’on pouvait se procurer pour une somme modique chez les marchands d’instruments de musique (M. Bunisset, quincaillier à Égletons vendait violons et accessoires musicaux ; on pouvait aussi trouver des violons dans le catalogue de Manufrance).

C’est à partir de ce moment-là qu’intervient la différence : les violoneux assuraient eux-mêmes l’entretien de leur instrument, réglaient un chevalet, remplaçaient une cheville défectueuse et effectuaient toutes les autres opérations nécessaires qui demandaient parfois une grande habileté. C’est ce « bricolage » du violon qui lui donnait un son personnalisé et « baroque », qui confère à cette musique une part de son originalité. Nous avons même vu sur un violon, des filaments de câble de frein de vélo, attachés sous le cordier par des écrous, en guise de cordes ! Et le violon sonnait !

Parfois des ménétriers n’hésitaient pas en entreprendre eux-mêmes la fabrication de leur propre instrument. M. Chevalier, d’Argentat, et M. Veysset, de Lamazière-Basse, ont ainsi fabriqué plusieurs violons qui sonnent tout à fait correctement. Dans une monographie de Naves, en 1905 ; Victor Forot écrit : 1 Nous connaissons un cultivateur nommé Vialle, habitant depuis de nombreuses années le village de Serre, commune de Naves, qui, dans sa jeunesse, a fabriqué lui-même son propre violon et, sans avoir reçu la moindre leçon de musique, joue assez correctement: bourrées, polkas, valses, ou tout autre morceau qu’il a entendu une ou deux fois. L’instrument fabriqué par Vialle donne des sons aussi harmonieux que la plupart des violons… ».

À ce jour, nous avons recensé, d’après divers témoignages, environ 250 violons repartis sur les seuls cantons de Corrèze et d’Égletons. C’est dire le grand nombre de ménétriers qui s’y adonnaient.

Beaucoup de ces instruments ont disparu, ou séjournent dans des greniers. Il suffirait souvent de peu pour qu’ils sonnent à nouveau.

JEAN LAMOUR

Né en 1921 à Pandrignes où il est agriculteur, Jean Lamour est le plus jeune des violoneux du disque. À l’âge de 7 ans, il reçoit en cadeau un violon : « je cassais tellement les oreilles à tout le monde que j’étais obligé de jouer à la cave ou au grenier ! ». À 9 ans, trop jeune pour faire le chemin tout seul, il se fait accompagner par une vieille dame de la maison à ses premiers bals. Il écoute ainsi de nombreux musiciens tels que M. Naudou, Fonchastagnier, Faure, Madrange, Salière, ainsi que Célestin Tramont qui habite toujours Lagarde-Enval. Jusque vers 1940, « Jeantou » attire du monde dans ses bals, tant par son jeu que par son entrain et sa bonne humeur. Il aime particulièrement raconter avec humour les farces qu’il faisait à ses voisins lors des retours de bal. En 1963, il reprend le violon pour une série d’émissions à Radio Limoges avec M. Perrichon, vielleux et M. Plas, cabretaïre, tous deux musiciens tullistes.

1.   Marche de noce

Le pot-pourri de marches de Jean Lamour est fait de plusieurs mélodies dont les paroles gardent le même thème. Il les enchaîne car la route est longue et il lui faut donner de l’entrain au cortège de la noce.

Nos la menam la paubra nobia / Nos la menam que pura tant / La tiram de son « bien-être » / La menam a son pretzfach.

2.   En passar la plancheta

Cette bourrée très répandue en Corrèze reprend le thème symbolique du passage de la rivière pour une jeune fille.

En passar la plancheta / Lo pé m’a mancat

E io sei tambada dins l’aiga / Mon cotilhon es tot molhatv

3.   Abal dins la ribiera

Bourrée issue d’une chanson au thème universel – le fils du roi et les canards blancs. On peut remarquer la retenue de certaines notes qui donne un rythme irrégulier et syncopé. Cela est souligné par les danseurs qui se figent un court instant avant de repartir.

Abal dins la ribiera / Los canards lai son, los canards lai son / Lai son que lai se banhan / Mai los canatons, mai los canatons.

4.   Les forgerons aiment le vin

Bourrée connue dans tout le Massif Central.

Cette mélodie fait partie des « mille et une » bourrées au refrain grivois.

Fai lo me tundir / T’embarrasses pas petiota / Quand sera trempat / Le faras sechar.

5.   La Courbiase

Sur cette bourrée, les meilleurs danseurs de Courbiat exerçaient leurs talents. Un air typiquement fait pour le violon. Lors d’une fête à Lagarde-Enval, Jean Ségurel apprend cet air de Célestin Tramond et de Jean Lamour qui s’en souvient comme « si c’était hier ».

 

6.   Para lo lop

Sur cette bourrée très connue, Jean Lamour nous donne un aperçu de son style dont la force s’exprime par la rapidité du coup d’archet. La ritournelle finale vient soulever les danseurs.

 

7.   Quau te mena

Au cours d’une veillée, Jean Lamour et Gaston Pouget, voisins de longue date, jouent ensemble pour la première fois ; traditionnellement, les musiciens se produisaient seuls.

Quau te mena bela, quau te mena (2 cops) / Quo es Verderon que me mène me permena / Quo es Verderon que mena dins lo bosc.

GASTON POUGET

Gaston Pouget est né au Laurel, le 10 février 1910 dans une famille de musiciens. Son père, violoneux qui ne joue plus à l’époque à cause d’une main coupée, lui fredonne des mélodies et son oncle lui donne ses premières leçons. À 9 ans, il possède déjà assez de technique pour jouer quelques airs. L’accordéoniste Salesse le remarque et l’emmène dans ses bals où, de temps en temps, il lui laisse la place. Quand M. Salesse arrive à un âge où il préfère danser… Gaston Pouget prend le relais. Jusqu’en 1945, il anime les veillées de Pandrignes, Ladignac. Le Laurel, Champagnac. Gaston Pouget a le mérite d’avoir écouté de nombreux autres instruments tels que l’accordéon diatonique et la cabrette (le Cantal est proche de cette partie sud de la Corrèze), et d’avoir adapté plusieurs mélodies pour le violon dans un style très personnalisé, fin et coulé, agrémenté de fioritures courtes et précises.

8.   Ont mena rem

Bourrée servant de demande en mariage. La jeune fille répond qu’elle ne gardera pas les vaches mais qu’elle restera chez elle pour cuisiner et son ami y est invité…

Ont menarem dimenge pichona / Ont menarem dimenge la mandin / Gardarai pas, farai la cosina / Vene chas nos la farem tots dos.

9. Scottish

Si la scottish était peu dansée en Corrèze, en voici néanmoins un bel exemple. G. Pouget la tient de l’accordéoniste Salesse.

 

10. Bourrée à Berthout

Cette bourrée dont la mélodie est très ornementée provient du cabretaïre M. Berthout, garde-barrière de La Croix du Don. G. Pouget y rajoute quelques appoggiatures pour le violon.

 

11. Bonjour Françoise

Une des nombreuses valses chantées que les Corréziens connaissent bien.

 

12. La Champagnac

M. Boutuérie, chef de gare de Pandrignes, jouait cette bourrée à l’accordéon diatonique ; d’où ce rythme saccadé et soutenu qui demande une grande virtuosité des doigts et de l’archet.

 

13. N’a ben tant dancat

Ici intervient encore le répertoire familial, Gaston Pouget retrouve de temps en temps ces petits refrains que son beau-père, bon chanteur, rajoutait sur toutes les bourrées.

N’a ben tant dançat / N’a ben tant fach la fièra / N’a ben tant dançat / Lo cordon li a petat / Lo cordon li a petat / La borsa s’es desliada / N’a jamai dos soùs / Los a tombats au soù.

14. Quadrille

Le quadrille ne fut pas dansé très longtemps. On y retrouve souvent des mélodies plus anciennes regroupées pour l’occasion. Gaston Pouget fut le premier étonné de se souvenir de cette chanson au cours d’une des veillées qui nous ont permis la réalisation de ce disque.

 

LÉON PEYRAT

Léon Peyrat, agriculteur, est né le 15 novembre 1905 à Saint-Salvadour. Très jeune, il entend les mélodies que lui chante son père ; vers 10 ans, il se procure, en même temps que son frère, un violon chez un marchand à Tulle. À Saint-Salvadour, M. Chastagner joue du violon : ce sera la première rencontre avec un musicien… D’autres suivront. De M. Aixala. Besserie et Bordes, violoneux à Naves. il retire certainement de nombreuses mélodies et « coups de doigts ». Sa mémoire musicale est étonnante ; nous le constatons encore aujourd’hui lorsque nous lui jouons des airs qu’il est capable de « tourner » sur le champ. « Tourner » est bien le mot car, comme il le dit lui-même, il aime jouer de façon « tarabiscotée ». Il trouve là le moyen d’enrichir son jeu par de multiples fioritures mélodiques et rythmiques (au gré de sa fantaisie, il interprète certains airs de plusieurs façons). À ses heures, Léon Peyrat compose encore des bourrées ou des valses avec une joyeuse facilité. Il se souvient avec émotion d’un air appris une nuit dans la montagne d’un musicien qu’il ne voyait même pas…

 

15. Lo merle

Cette bourrée chantée est une invitation au mariage ; les jeunes filles qui « lèveront » le merle ont toutes les chances de se marier dans l’année. Léon Peyrat a rajouté à la chanson les deux derniers vers.

Lo merle n’a fach son niu / Dins la raiç de l’aubre sus lo bord dau riu / Las drollas que lo levaron / ‘Questa annada se maridaran / O drollas, ‘natz lo levar / Que lo merle s’en vai menar.

 

16. Polka de Naves

Un des airs les plus entraînants, appris de M. Bordes, violoneux à Naves.

17.  La mort qui rôde

Léon Peyrat a chanté de nombreuses fois ce « Réveillez » au cours des quêtes de Pâques. Par la suite, lui est venue l’idée de la transposer pour le violon. Cette tradition de chansons de quête connaît un renouveau en Corrèze, où tout le monde y est encore très sensible. Les paroles de ce « Réveillez » expliquent qu’aussi bien les plus humbles que les riches se retrouveront à égalité devant la mort.

Auvetz la mort que roda / Que roda autour de vos / Ela es coma nostra ombra / Ela nos seg pertot / Lo rei o mai la reina / Emb lors galons d’argent / N’auron pas mai de gracia / Que los paubres paisans.

 

18. Bourrée de Trech

M. Trech, violoneux qui aurait aujourd’hui 120 ans, ne jouait, semble-t-il que cette bourrée, à la structure rythmique archaïque.

19. Marche

M. Peyrat apprit cette marche au cours d’un repas de noce où quelque convive égayé l’aurait chantée. Il nous a laissé entendre que les paroles en étaient particulièrement crues.

 

20. Garda ton bon temps

Une bourrée ancienne du même style que « Avai dins la ribiera », jouée par M. Lamour, ou « Abati ». jouée par M. Malthieu.

Garda ton bon temps bargiera / Garda ton bon temps quand l’a / Quand sera maridada / Que te podria pas passar / Tant vau que io me maride / Ujan o mai denan / Ujan farem la noça / E denan farem Brin Bran.

FRANÇOIS MALTHIEU

François Malthieu est né en 1905 à Lacombe de Tarnac. C’est dans ce pays de maçons et de tailleurs de pierre qu’il mène ses premiers bals et fêtes. Les musiciens sont nombreux à l’époque, depuis M. Neige, dit le « Negrou », Rata, Concalon et Nard, tous violoneux émérites jusqu’au célèbre accordéoniste Marceau, de Saint-Merd-les-Oussines. Il apprend d’eux de nombreux airs très variés, parmi lesquels on retrouve, à la différence des autres musiciens du disque, beaucoup d’airs de contredanses, mazurkas, polkas, etc. Son répertoire de bourrées reste cependant très corrézien et souvent issu de la tradition locale. Son jeu moins ornementé que celui des musiciens des Monédières garde cette rapidité et cette vigueur des violoneux de la « montagne » limousine. Vers 1930, il cesse de jouer régulièrement aux noces et aux fêtes et désormais ne joue plus qu’épisodiquement pour la petite communauté de Lacombe. C’est en 1974 que nous l’avons rencontré : depuis, on a repris l’habitude de pousser la table et les chaises dans la cuisine et Lacombe connaît certains soirs une effervescence inhabituelle.

 

21. Paubres garçons

On retrouve dans cet air la syncope caractéristique des bourrées corréziennes qui se différencient nettement des mélodies auvergnates.

Abati, paubres garçons / Fer la drollas, pereretz tots / Fer una, per doas mai tres / Mas per totas pererem pas.

22. L’ Ajassonne

Les danseurs de Lacombe, François Malthieu en tête, se plaisent à « virer » cette bourrée très locale (du nom d’un village à côte de Bugeat). Sa musique et son pas de danse nous semblent assez anciens.

 

23. À la santé du père François

Au cours des noces, François Malthieu menait la mariée et tout le cortège au son de cette marche. On la retrouve aussi dans tout le pays corrézien comme air de quadrille.

 

24. Polka piquée

Cette polka est une variante de La fille de la « meunière ». Les cordes pincées dans la deuxième partie en font un air typiquement violonistique.

Se t’as paur que lo lop s’espine / Trapa lo, lo farem ferrar / N’ai pas paur que lo lop s’espine / N’ai mas paur de lo pas trapar.

25. Bourrée à Magadou

Cette bourrée fut composée en l’honneur de Magadou, chabretaire très renommé de la région de Bugeat, vers 1850. La légende raconte que les maçons de Lacombe se ruinaient au bal (chacun payait « à la danse » car la chabrette « diabolique » de Magadou entraînait même les plus sages dans des bourrées interminables.

Quo es Magadau / Que lo diable aia ta chabreta / Mai ton bordon ruine nostra marçau / N’i aura mai d’un / Qu’aura minjat sa campahna / Per se’n tornar la roda cairada

ELIE CHAMBERET

Elie Chamberet est né en 1906 dans le village où il habite encore. Dans cette famille de « faures », il apprend à jouer du violon vers l’âge de 15 ans, sur l’instrument destiné primitivement à son frère. Son voisin, Desier, violoneux renommé, lui apprend les premiers rudiments, avec Marliac, habitant à Orliac, de l’autre côté du vallon. A 18 ans, il mène les noces autour d’Orliac-de-Bar et joue le dimanche à la sortie de la messe pour la jeunesse du pays. Il descend jouer au Pont de Vimbelle où l’on se divertit beaucoup. Là, il entend parler par Pommier, de Gimel, et par Peuch, de St-Martial, violoneux renommés eux aussi, de « l’Arabe du Roc Blanc », un certain Piccard, violoneux de légende, dont le souvenir reste marquant dans les Monédières. Elie Chamberet s’arrête de jouer vers 1929-1930 et ne ressort le violon que pour quelques occasions familiales, jusqu’en novembre 1977, date à laquelle nous l’avons rencontré. Depuis, il joue régulièrement.

 

26. Marche de Rempart

Attribuée au célèbre violoneux de Meymac, de qui M. Chamberet l’avait entendue. On peut remarquer l’habitude constante qu’a M. Chamberet d’agrémenter les fins de phrases par une ornementation du petit doigt.

Retiratz vos « mes chers » de noça / Retiratz vos chadun chas vos / Aura la novia qu’es maridada / Ela n’a pus besonh de vos.

27. Pierre Labora

Une bourrée des Monédières qui évoque les Champs de Brach, un marais un peu surnaturel, entre Égletons et La Gare de Corrèze. La légende dit que Pierre était fainéant, en désespoir de cause, pour le faire labourer, sa femme lui adjoignit trois demoiselles qui le prirent par le bras jusqu’à la fin du labour.

 

28.                 Los garçons d’a Neuviala

Une version d’une bourrée répandue dans tout le Massif Central, mais avec une deuxième partie qui lui donne sa couleur « corrézienne ». L’histoire évoque les aventures d’un valet de Neuvialle. Comme dans beaucoup de paroles de bourrées corréziennes, les lieux évoqués ici font référence à une tradition très locale, connue des seuls gens du village, voire du hameau.

Se’n son venguts los garçons d’a Neuviala / Se’n an menat lo vaslet de Fauria / Se’n l’an menat aqueu tant gente masle / Se’n l’an menat la mielhs coifat d’Orlhac / Fiera au Lonzac n’achaptet una belosa / I fai botar los botons en ecalha / Los ribans blancs per las filhas d’a Ban / Tot en passant aus radals d’a la Tiesa / La fai petar la porte petaçar / Petaça la me e ma bona amieta / Petaça la me io vos paiarai ben.

29. Valse des conscrits

Une chanson de conscrits que M. Chamberet a « mise » en valse. On peut remarquer la complexité de l’ornementation qui sert à souligner le rythme de la valse entre deux phrases musicales (quoique différente, on peut la rapprocher de celles de M. Chastagnol) et demande une grande virtuosité des doigts.

 

30. Polka de Meymac

Apprise aussi de Rempart, remarquable par sa mélodie très simple qu’on retrouve dans le Bas-Pays, jouée en « sautière ».

 

HENRI LACHAUD

Henri Lachaud est un des derniers représentants d’une famille de musiciens et chanteurs renommés autour de Chaumeil : « À la Vedrenne, y avait toujours de la gaieté », avait-on l’habitude de dire. Son père, Léonard Lachaud, est reconnu par tous autour de Chaumeil comme un violoneux d’exception. C’est lui donc qui apprend à son fils « en lui plaçant les doigts sur la touche », quasiment note par note, les premiers rudiments du « métier ». Étant jeune, il mène quelques bals ou noces mais bientôt il « monte » à Paris et ne sort plus le violon que pour son entourage. Il continue cependant à s’entretenir, à jouer, à maintenir en quelque sorte la tradition familiale jusqu’à aujourd’hui. Il garde de son père la cadence et le doigté très caractéristique des violoneux de la région de Chaumeil et leur façon tout à fait particulière de « tourner » les airs.

 

31. Maire se sabias s’ente io vene

C’est la bourrée chaumeilloise par excellence, reprise par ailleurs par Jean Ségurel. Son rythme violent et les nombreux contretemps en font une bourrée très appréciée des danseurs…

Maire se sabias d’ente io vene / Maire se sabias me batrias / Io vene de ben lonh / Jugar de ma musica / Io vene de ben lonh / Jugar dau violon.

32. Tu lo li tendras

Une très belle valse en mode de ré, peu utilisé des violoneux corréziens, la quasi totalité des airs joués étant de caractère majeur. Dans cette valse, au lieu de modifier son doigté, M. Lachaud se sert du même doigté que pour les airs majeurs, mais il « tourne » la mélodie en la faisant commencer sur la corde du la à vide. C’est ce qui donne à cet air son caractère étrange et cette force d’expression tout à fait remarquable.

Tu lo li tendras / Io la li tondrai / E benleu tots dos / Io li tondrem de biais.

 

33. Bourrée de la Vedrenne

Une bourrée apprise de son père, dans laquelle on retrouve, quoique tout à fait personnalisé, un motif musical cher aux violoneux tant Limousins qu’Auvergnats.

 

34. Quo es ton dedan

Encore une bourrée à mélodie relativement simple dont tout le caractère est donné, notamment dans la première partie, par une succession très subtile d’ornementations, par ailleurs assez complexes.

Quo es ton dedan / Quo es ton dedan que te fai mai.

35. Tucha los ganhons moliniera

M. Lachaud, comme tous les musiciens de ce disque, dispose d’un répertoire de bourrées très important: en voici une autre dans laquelle selon l’habitude des violoneux, il transpose l’air une quinte plus bas pour terminer dans le ton initial.

Tucha los ganhons moliniera / Tucha los dins los boissons / Mena los ganhons moliniera / Mena los dins los fradats.

JULIEN CHASTAGNOL

À la fin de la guerre de 14, tous les jeunes chaumeillois « s’essayent au violon ». Julien Chastagnol est de ceux-là. Son frère ainé, Jean, qui a déjà débuté, lui donne ses premières leçons. Bien qu’ayant exercé de nombreux métiers, Julien est avant tout un homme de la terre, et à ses débuts, il travaille le violon tout en gardant les troupeaux : « Je jouais assis sur le dos de mon âne, et il écoutait : il battait la mesure avec ses oreilles… », raconte-t-il avec humour. Passionné, il cherche aussitôt à enrichir son répertoire : aussi ne laisse-t-il pas passer l’occasion de rencontrer les musiciens des alentours de Chaumeil : il écoute et observe Léonard Lachaud, de la Vedrenne, et surtout Rempart, de Meymac, dont la renommée est indiscutable. À ses débuts, Julien s’est heurté aux difficultés de l’apprentissage : son doigté se limitait à l’utilisation de l’index et du majeur, ce qui lui imposait une grande mobilité de la main gauche sur la touche. Plus tard, il s’est servi du troisième doigt pour l’ornementation, mais son jeu est resté définitivement marqué par ce doigté particulier qui en fait l’originalité. Aujourd’hui, Julien Chastagnol n’est plus, mais nous entendons toujours le son de son violon : que ce disque lui rende hommage.

 

36. La marelle du Juif errant

Cette chanson, tirée de la littérature populaire distribuée dans les campagnes par les colporteurs, s’est beaucoup chantée dans les Monédières : les violoneux l’on conservée comme marche de noce dans leur répertoire, l’utilisant parfois comme air de « Réveillez ».

 

37.  Bourrée des vieux

Les musiciens avaient dans leur répertoire un air réservé aux anciens qui avaient du mal à soutenir la cadence de certaines bourrées trop rapides pour des jambes fatiguées ! Julien Chastagnol jouait celle-là pour sa part, une bourrée héritée de Léonard Lachaud, de la Vedrenne, et que Léonard Vayssière, de Sarran, comptait aussi à son répertoire.

 

38. Polka

Une polka d’une remarquable simplicité que Julien Chastagnol avait retrouvée récemment.

 

39. La calha

Julien jouait assez rarement cette bourrée ; remarquez au travers de cet air connu dans toute l’Auvergne et le Limousin, comment M. Chastagnol lui donne sa « tournure » locale.

 

40. Jésus-Christ tout puissant

C’est l’air de « Réveillez » le plus joué en Corrèze le soir du Vendredi Saint et dans les jours qui suivent. Parmi nos tournées des années dernières pour les « Réveillez », autour d’Égletons, la visite à Julien Chastagnol était des plus attendues : on « attaquait » la côte au son des violons jusqu’à la maison du haut du Vialaneix. Arrivés à la porte, nous devions jouer cinq à dix minutes avant qu’elle ne s’ouvre : « il fallait bien qu’on en profite un peu » se plaisaient à dire les Chastagnol. Ensuite, pendant que M. Chastagnol préparait quelques douzaines d’œufs, Julien sacrifiait au rituel des « Réveillez » en jouant cet air.

J.-P. Champeval, Olivier Durif. Christian Oller et J.-M. Ponty. Été 1979.

 

POSTFACE,

Vingt ans après.

Lorsque nous avons décidé de rééditer le disque 33 tours « Violoneux Corréziens » produit en 1979 par la Fédération des Musiciens Routiniers, plusieurs choix se présentaient à nous : soit la réédition du disque dans sa forme originale intégrale, soit l’intégration d’autres documents sonores sur la tradition des violoneux corréziens, pour certains constitués postérieurement à la réalisation du disque. L’adjonction de nouveaux enregistrements et matériaux sonores, et plus encore, la présence de commentaires plus fidèles à l’image que nous avons aujourd’hui de cette tradition musicale nous auraient conduit à la réalisation d’un document qui n’aurait sans doute eu qu’un lointain rapport avec le disque de 1979. Nous avons finalement choisi la réédition dans sa forme originale dont le choix de documents, et plus encore, les commentaires, qui les accompagnent sont révélateurs des soucis et de la démarche des réalisateurs de l’époque. Nous nous sommes donc limités, eu égard au passage d’un format 33 tours à celui du CD, à proposer une nouvelle présentation graphique de la pochette et à procéder à quelques modifications de détail dans le texte de présentation.

Le Centre Régional des Musiques Traditionnelles en Limousin. Été 2001.

Remerciements à :

La Fédération des Œuvres Laïques de la Corrèze et plus particulièrement à Raymond Quereaux et Roger Ponty, au Service des Archives Départementales de la Corrèze, à M. et Mme Neige, de Tarnac ; M. Emile Gauthier, d’Égletons ; M. Vaysset, de Lamazière.Basse, d’une manière générale, à la famille des musiciens enregistrés qui a ranimé bien souvent la mémoire des violoneux, ainsi qu’à tous ceux qui, souvent très anonymement, à la croisée d’un chemin ou sur le pas de la porte, ont guidé cette recherche ou donné le témoignage précieux qui manquait. Que tous soient remerciés. Pour leur aide au début de la recherche : Michel et Thierry Berger, Marc Charbonnel, Daniel Fresquet et Jean-François Laurent.

 

Textes et enregistrements :

Jean-Pierre Champeval, Olivier Durif, Christian Oller et Jean-Michel Ponty.  

Transcriptions des chansons en graphie normalisée occitane : Miquel Lame-Stenta.

Photographies intérieures : Jean-Michel Ponty.

Photographie couverture : Roland Manoury.

Graphisme : Olivier B et Associés.  

Mixage et montage : Studio Blatin (Clermont-Ferrand)

Production : Centre Régional des Musiques Traditionnelles en Limousin

4 avenue Jean Vinatier – 19700 SEILHAC.

Tél. : 05.55.27.93.48. Fax : 05.55.27.93.49. E-Mail : crmtl@crmtl.fr

 

[1] Née entre 1900 et 1910.

[2] Oscar de la Roche-Vengesse, “Monographie de Saint-Ybard”, in Bulletin de la Société Littéraire de la Corrèze.

[3] Docteur Henry Taguet, Mariages et Événements en Haut-Limousin, Limouzi, 1907.

[4] Les gens disent que chaque hameau avait son violoneux qui, sans être toujours un grand musicien suffisait à “amuser” les autres…

[5] La levée des poutres sur le toit est l’occasion d’une fête encore pratiquée par endroits.

[6] Des musiciens distants de quelques kilomètres seulement n’ont pas toujours les mêmes références en matière de renommée musicale, ignorant même parfois la renommée de tel ou tel autre musicien.

[7] Institués dès 1889 en Corrèze et organisés par les notables locaux et milieux félibriges qui déplorent déjà la dégradation de la musique folklorique et qui veulent la sauver d’une mort certaine. Ils furent souvent décevants, certaines fois même annulés faute de concurrents. La survie de cette musique, plus d’un siècle après ne laisse pas de poser certains problèmes quant aux idées de dégradations d’une musique.

[8] La République de Brive, 15 septembre 1901.

[9] Concours de danse et de musique en 1903 et 1904. L’un remporté par L. Veyssière de Sarran (violon) et M. Monéger d’Esplaux (danse) devant une quinzaine de concurrents.

[10] E. Decoux-Lagoutte, Un coin du Limousin en 1888 : canton de Treignac.

[11] Abbé Gorce, Au Bas-Pays de Limosin, Leroux, 1896.

[12] Vialle et Béronie, Dictionnaire patois du Bas-Limousin.

[13] Bulletin du Musée Ethnographique, 1ere année, juillet 1900.

[14] Victor Forot, Monographie de Naves, 1905.