Film documentaire

«Anem nos en a faire tetar lo veder»

(Allons faire têter les veaux)

Etat des lieux, des hommes et des bêtes…

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Trois agriculteurs du Pays de Seilhac en Limousin.
Trois agriculteurs du Morvan.
Deux territoires de demi-montagne, entre pacages, bocages et sombres forêts sur le territoire du Massif Central.
Des hommes et des femmes, modestes et passionnés,
Éleveurs de veaux depuis… toujours dans ces deux pays « naisseurs » !
Le métier, entre tradition et novation.
Les hommes, gestionnaires de l’espace rural, entre nature et culture.
Avec le déroulement apparemment immuable des saisons qui rythment la profession et la vie de ceux qui les accompagnent et les entourent.
Visites quotidiennes à l’ensemble – désormais conséquent – du troupeau.
Le parcours, chaque matin, de l’espace « pour aller voir des bêtes » est un rite fondateur de la profession où s’entremêlent observations météo, phytosanitaires et philosophiques qui valident au quotidien la conduite du troupeau.

P1000514_713pxWLes boucles à l’oreille des vaches ont remplacé les noms fleuris mais le tout reste inscrit dans le vaste imaginaire généalogique de chaque agriculteur avec « l’amélioration de la race » pour unique ambition.
En 2008, après de nombreuses années consacrées à la « modernisation » sans partage des structures de travail, des pratiques agricoles et de la vie tout court, le monde des éleveurs semble aujourd’hui à la croisée des chemins, remettant au cœur de son projet un développement « plus durable » de l’espace, de ses pratiques d’élevage et une compréhension plus cosmogonique de leur métier qu’ils n’avaient, somme toute, que momentanément mise de coté.
Leurs pratiques ne sont pas nostalgiques.
Dans leur propos, nul folklore gratuit sur les « valeurs de la terre » que l’héritage bien compris des pratiques des anciens, le regard lucide et parfois caustique sur la société qui les environne, l’Europe et ses contradictions réglementaires, les échéances des marchés mondiaux qui les assaillent jusqu’au fond de leurs « stabus » désormais incontournables.
Pourtant, au fil des entretiens, « l’éternel paysan » refait surface, les valeurs d’observations et d’évaluation des qualités séculaires des « terroirs », les savoir-faire empiriques de soins et d’engraissement des bêtes prennent toute leur place dans la gestion d’une agriculture moderne.
La terre, le paysage et les éléments, changeants et mobiles, éclairent et mobilisent en permanence leur travail : Tels les marins dans leur mer d’herbe, ils en apprécient les soudaines et rapides modifications.

C’est cette permanence autant que ces mutations qu’ils nous semblent intéressants de venir capter, dans ce monde encore relativement structuré, porteur d’un regard global sur la société d’aujourd’hui, responsable et gardien de notre paysage « européen ».

À mille lieues de toute tentation passéiste et des poncifs qui l’accompagnent, le regard porté par les auteurs de ce propos, s’appuyant sur leur connaissance de l’histoire de cette civilisation rurale mais aussi vivants encore aujourd’hui dans ces territoires de « néo-ruralité », ne vient pas donner des leçons mais soulever, entre tendresse et douce ironie, un coin du voile sur ce monde, plus secret qu’il n’y paraît, d’éleveurs de ces deux régions.


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