GLISSANTES ou « SCOTTISCHES COURTES »
(mélodies tradi-nouvelles de Jean-Marc Delaunay, du domaine public)
Pour cette nouvelle livraison de répertoire, je vous propose quelques mélodies faites au fil des années, sur un rythme de scottisch. Les airs retenus ici ont en commun d’avoir des phrases deux fois plus courtes que celles des scottisches « standard » (le motif mélodique revient donc au bout de deux mesures à 4 temps).
En cela, elles se rattachent à une famille d’airs traditionnels du Massif Central, dans lesquels je décèle un caractère musical commun, bien qu’ils servent à des danses parfois différentes : je peux citer ici « Le pas du loup », « Chas la maire Antoina » (version auvergnate de « J’aime la galette »), « L’aiga de ròcha », les différentes versions du brise-pied (« D’où viens-tu petit bonhomme »), celles de la danse de la chêvre (« As minjat mon blat », « Elle a mangé les choux, la chêvre », « La chabra bura ») etc. Il faut relever que plusieurs interprétations anciennes de ces mélodies ne doublent pas les phrases musicales, ce qui rend le cycle mélodique encore deux fois plus court (il s’agit des versions auvergnates des années 1930, sur 78 tours, des Pas du loup , Brise-pied, et autres « Scottisch double »).
Je rattache aussi à ce style musical, même si elles peuvent avoir des phrases plus longues, les scottisches dites « glissantes » dans le Massif Centrai, ainsi que les « Scottisch de sept pas » et « scottisches doubles » d’autres régions. Parmi toutes ces danses, un trait commun est de commencer par sept petits pas latéraux, qui impriment un caractère rythmique particulier à ces mélodies.
Il me semble aussi, mais je n’ai pas approfondi le sujet, que l’on peut sentir une parenté de structure et de rythmique avec certaines mélodies de rigodons des Alpes. Je pense que tous ces schémas mélodiques sont issus d’un fond musical plus ancien et différent des mélodies des véritables scottisches. Celles-ci, popularisées en France à partir de 1849 et observables dans les répertoires écrits de bal, ont un style bien reconnaissable et propre à leur époque (1850-1914), plein de chromatismes, de modulations, de notes pointées etc.
La plupart des airs que je donne dans le présent article ont donc été faits dans l’idée du style de « scottisch courte » traditionnelle : des schémas mélodiques simples et répétitifs, voire obsessionnels, à la rythmique marquée, et un air de famille très net entre beaucoup d’airs. En particulier, dans la série d’airs du N°8 au N°24, trouvés sur une période très courte de deux jours, je me suis amusé à décliner cette forme, en laissant librement venir, et se combiner de façon presque automatique, des motifs issus de mélodies traditionnelles. Avec le recul, on peut y retrouver des réminiscences diverses .
Il me semble que pour le musicien, le travail d’interprétation sur des mélodies simples, voire « simplettes », est formateur : c’est un défi à relever, une exigence accrue sur la qualité du son, du placement rythmique, de l’articulation, de la cadence. On ne peut pas se cacher derrière le nombre de notes ou la complexité de la mélodie, et on se rend compte que c’est difficile, mais formateur. C’est pourquoi je considère comme une erreur de mépriser les airs simples de la musique traditionnelle ; c’est au musicien de tâcher de les rendre percutants et irrésistibles par la qualité du jeu, comme on le voit chez les musiciens traditionnels (voir par exemple le répertoire de sautières, les rondeaux gascons, beaucoup de mélodies bretonnes).
Les tonalités données ici ne sont bien sûr pas impératives : j’ai fait certains airs au violon, et leur ai conservé la tonalité de Ré, bien que j’aie fait le choix de la flûte.
Partitions
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