La géographie physique qui a déterminé les pays, les axes de circulation et, dans le cas de cette région, de non-circulation jusqu’à une époque récente du XXe siècle, a largement façonné les pays musicaux du Limousin même si son appartenance linguistique au domaine occitan peut être considérée comme une composante importante du fait musical.
Le Limousin est une marche, un contrefort de l’Ouest des montagnes du Massif Central en appui sur les pays quercynois et aquitains-périgourdins au Sud-Sud-Ouest, sur le Poitou au Nord-Ouest, les plaines naissantes du Berry et du Bourbonnais au Nord-Est, les Combrailles et l’Auvergne à l’Est, avec l’enclave très marquée de la Xaintrie, terre auvergnate cantalienne en Limousin.
La musique en Limousin épouse, selon les pays, la plupart de ces influences géographiques ; d’autres phénomènes viennent la colorer :
-un mouvement migratoire temporaire qui vide le Limousin, une bonne partie de l’année, de ses forces vives en hommes (maçons, tailleurs de pierre, scieurs de longs, anciennement, chauffeurs de taxis et autres marchands itinérants, dans une période plus récente) en direction de villes comme Paris, Lyon, Bordeaux, etc. Ce mouvement a profondément marqué le pays culturellement parlant, apportant son lot de modernité et d’idées nouvelles mais très symétriquement aussi, stimulant un attachement à l’identité limousine et aux valeurs ancestrales du pays.
-l’appartenance d’une partie de la région à un espace musical et chorégraphique propre aux pays du Massif Central qu’on pourrait symboliquement dénommer « la planète bourrée » et qui a durablement et vigoureusement marqué l’esthétique de la musique de danse locale, voire même dans une période récente, “contaminé” des zones en Limousin où la bourrée était jusqu’alors inconnue.
Olivier Durif (CRMTL)
Extrait du livret du CD “Chanteurs et musiciens en Limousin” CRMT003, 2000.