De la bourrée, voici ce qu’on en dit en Haute Corrèze à la fin du XlXème siècle :
« …les danseuses, en nombre indéterminé se placent sur une file et les danseurs sur une autre, chaque cavalier en face de sa cavalière. Ils vont ensemble, en avant et en arrière, un certain nombre de fois ; le premier danseur à droite passe alors du côté des danseuses, et la danseuse de l’extrémité opposée rejoint la ligne des danseurs : puis on va de nouveau en avant et en arrière, le premier danseur de droite et la dernière
danseuse de gauche font la même évolution que les précédents. On continue ainsi jusqu’à ce que tous les danseurs ont eu leur tour ; la danse est alors finie, et chaque cavalier embrasse sa cavalière. Les danseurs poussent des cris, battent des pieds et des mains, surtout lorsqu’ils traversent pour changer de côté. »
Entre cette évocation ancienne de la bourrée à Eygurande et les bourrées dansées le dimanche après-midi aujourd’hui dans les « thé dansants » du Centre Leclerc à Tulle et de bien d’autres endroits en Limousin, on peut penser que la forme et le fond de cette danse ont profondément évolué. Seule apparemment la passion de la danse semble avoir permis de construire cette permanence.
Cette passion de « la » danse, qui mobilise l’intensité d’un art où toutes les chorégraphies, la précision et la folie gestuelle sont inscrites dans la rigueur d’un code rythmique intransigeant – «on peut pas danser avec lui, celui-là il la coupe ! » – est aujourd’hui encore en Limousin l’objet
d’une ferveur remarquable.
C’est pourquoi beaucoup d’ateliers de danse traditionnelle sont aujourd’hui ouverts et s’ouvrent régulièrement pour perpétuer ce qu’il faut bien appeler « la rage de danse » des pays Limousins.
Nouvelles musicales en Limousin, n° 52, janvier-février 1998.
Découvrir les structures d’enseignement de danse traditionnelle en limousin.