Editorial (09/2009)

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Un Atlas sonore à Chaumeil

Un dimanche de juillet 1951, Jacques Merlin, nouvellement ordonné prêtre, arrive à Chaumeil, « au pied des Monédières » comme dit la chanson, au beau milieu de la fête patronale, pour prendre possession de son premier Ministère.

À quelque temps de là, jeune prêtre épris de modernité sans doute, il fait l’acquisition d’un magnétophone pour diffuser de la musique durant l’office du dimanche. De retour dans sa cure ce soir-là muni de la précieuse mécanique, il trouve sa gouvernante et quelques femmes qui « écharpent » la laine à la veillée : il a l’idée de les enregistrer sur-le-champ.

Ce sera le début d’autres veillées mémorables dans tous les hameaux de la commune. Le magnétophone servira de prétexte à rassembler les gens du village pour passer un agréable moment où chacun pourra « pousser la sienne » et l’écouter dans la minute qui suit. La bande magnétique est sans doute aussi rare que chère, Jacques Merlin réenregistre par-dessus les prestations les moins convaincantes : on n’est pas là pour passer à la postérité mais pour « participer à la vie » comme le confesse modestement quelque cinquante années plus tard l’auteur de ces enregistrements.

Ce document précieux et, pour tout dire, inespéré — quelques cinq heures de veillées conservées sur bandes magnétiques dans une commune du Sancerrois berrichon ou l’Abbé Merlin coule aujourd’hui une retraite paisible — va être édité à l’automne, sous la forme d’un Atlas sonore de Chaumeil. On y retrouvera la trace sonore émouvante et joyeuse, d’une population rurale au sortir de la seconde guerre mondiale qui chante les « chansons de sa jeunesse », raconte et s’apostrophe en occitan et joue le violon des violoneux du pays…

Nous sommes retournés à Chaumeil pour retrouver l’origine des voix parfois anonymes et enregistrer également ceux qui y vivent aujourd’hui : la « dernière bergère des Monédières » racontera la vie à Chaumeil pour accompagner ces enregistrements historiques. Enfin quelques documents filmés anciens ou récents — la plantation du mai des conseillers en 2008 — compléteront les témoignages sur ce petit coin de vie des Monédières.

Olivier Durif, Directeur du CRMTL, 15 septembre 2009