Violoneux corrézien de talent, Léon Peyrat était aussi un excellent chanteur. Ce disque en forme de portrait est le fruit d’une sélection effectuée à partir de différentes enquêtes entreprises en 1975 sur les violoneux corréziens.
Label | Référence | Année | Support | Prix unitaire |
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Modal | MPT 212002 | 1999 | CD | 19,00 € – ÉPUISÉ |
Sommaire
- Plages audio du CD
- Lecture du livret du CD sur Calaméo
- Texte du livret du CD « Léon Peyrat – Portrait de musiciens » (version française)
- Text of the CD « Leon Peyrat » (english version)
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Texte du livret du CD « Léon Peyrat – Portrait de musiciens » (version française)
A « Nini » Peyrat
Nous avons fait la connaissance de Léon Peyrat lors d’une série d’enquêtes entreprises à partir de 1975 sur la tradition de violon local. Un premier disque « Violoneux Corréziens », réalisé en 1979 par les enquêteurs d’alors, Jean-Pierre Champeval, Olivier Durif, Christian Oller et Jean-Michel Ponty, permettra d’entrevoir, parmi d’autres musiciens présentés sur ce disque, les talents d’interprète du violoneux de Saint-Salvadour. C’est à la suite de cette parution que nous avons envisagé de produire un document qui soit plus particulièrement consacré à Léon Peyrat. Armés d’un matériel professionnel (de l’époque !), nous avons longuement enregistré Léon chez lui quelques jours d’avril 1981. Les années passèrent… Léon Peyrat décéda en octobre 1988, le projet de publier un document qui rende hommage au personnage demeurait…
Avec ce portrait dans la collection Modal publié aujourd’hui, nous espérons pouvoir y contribuer.
Olivier Durif et Christian Oller
« A la demande de mes jeunes amis Jean-Pierre Champeval, Olivier Durif, Jean-Michel Ponty, Christian Oller, tous violoneux de talent et jouant à l’occasion de plusieurs instruments, j’ai accepté de participer à ce disque. je le fais sans aucune prétention, simplement pour vous faire entendre quelques airs que j’ai appris dans ma jeunesse déjà lointaine, à une époque où il n’y avait ni électrophone ni transistor. Ce sont des airs typiquement corréziens et comme on ne se déplaçait guère, ce n’était pas si facile. Aussi je vous demande toute votre indulgence. Mais j’ai accepté surtout parce que, à une époque où l’on parle beaucoup de patrimoine nous avons, nous Corréziens, un patrimoine musical à conserver, je dirai presque à faire renaître. Tous ces airs de danse et de chansons qui ont leurs racines dans notre terre, joyeux ou tristes. Il y en avait pour toutes les circonstances. Les refrains qui ont fait la joie de nos pères et qu’on a baptisé un peu légèrement « folklore ». Nous devons faire revivre ce temps où on travaillait en chantant et où, malgré toutes nos misères on avait la joie de vivre. Nous devons renaître à la gaité et je crois que le violon est tout indiqué pour cela.
D’autres l’ont fait avec talent avec des instruments différents. Mais les violoneux, nombreux il n’y a pas si longtemps dans notre pays, doivent faire entendre leurs voix et ils y sont disposés. Déjà, dans la Haute-Corrèze, se dessine un mouvement dans ce sens. Vous avez pu voir pour la fête du Violon à Chaumeil, il y a deux ans, et à St-Augustin l’année dernière, que la race des violoneux n’était pas éteinte. Bien sûr, les anciens, dont je fais partie, ne sont plus très nombreux. Mais la relève est assurée et elle est de qualité. Les jeunes dont j’ai parlé plus haut sont capables de faire mieux que leurs aînés. Voilà cinq ans que j’aie eu l’occasion de les connaître ; ils sont aussi enthousiastes, aussi dynamiques que le premier jour. Ils ne sont pas tous Corréziens d’origine, mais ils le sont de cœur, ils savent faire chanter l’âme de leur violon, ce sont de véritables artistes. Quant à moi, ma seule ambition est d’entendre encore les airs de mon pays et j’espère que bientôt nous reverrons passer dans nos chemins les cortèges de noce avec violoneux en tête.
C’est mon vœu le plus ardent. »
Un paysan violoneux,
Léon Peyrat
été 1981
– « Ça te plaît ? » dit-il les yeux toujours clos, son violon reposant sur ses genoux.
– « Oui, Oui ! » réplique-t-elle en passant un œil furtif et neutre par-dessus des lunettes qui continuent, elles, à observer les deux aiguilles qui s’activent autour d’une pelote de laine.
Entre eux deux, un voile diaphane bleuté monte d’une invraisemblable souche de hêtre qui achève de brûler lentement par le cœur, repoussée sans pitié entre les chenets en bronze vers le lit des braises, alternativement par les mains agiles de l’une et le pied massif de l’autre.
… Rassuré, il a repris le façonnage méthodique de la musique qui lui broie la tête depuis le matin, s’arrêtant parfois au beau milieu pour apprécier le grain mat du silence sur la matière de sa mélodie, les aiguilles à tricoter continuant à débiter le temps qui passe.
Dans ce cantou, noir de deux cents ans de fumée, ultime mémoire de la forêt entière attenant la maison qui a fini par y brûler, Léon et celle qui n’a jamais eu d’autre prénom que son surnom « Nini », achèvent, eux, de consumer, les pieds au chaud, les dernières bribes d’énergie – leur journée faite – qui les empêchent de rejoindre tout de suite une autre chambre – la vraie – celle où la musique n’est plus qu’un rêve.
Armé de ce récitatif puissa nt et calorique, Léon, issu d’une famille de musiciens limousins où l’on est violoneux de père en neveu et d’oncle en fils, croisement génétique nécessaire à la perpétuation d’une musique familiale où l’on n’est jamais tout-à-fait le fils de son père, Léon donc fait défiler chaque soir les rêves musicaux qui l’habitent, – que dis-je ! – l’étreignent et le font parfois se lever la nuit depuis soixante-dix ans de cette vie de paysan corrézien. Il peut alors, sans hâte, remodeler à son oreille, « au gré du musicien » qu’il est, les milliers de mélodies saisies au vol dans quelque mariage où il était musicien :
- la chanson recueillie, palpitante au creux de sa main, du père Brousse qui tonitruait dans le vallon en labourant derrière ses bœufs,
- la bourrée magnifiquement gravée dans sa mémoire pour plus tard par un Auvergnat qui chantait, invisible dans le brouillard vosgien des forêts du Ballon d’Alsace, perdu comme Léon dans le melting-pot de « la drôle de guerre »…
- la romance parisienne volée, en poussant ses cochons vers la foire, à un chanteur de rue.
Bref, dans la peau de ce vieux monsieur se débat tous les soirs un musicien jeune, seulement assisté des froncements de sourcils de la Nini quand les doigts ratent la corde du violon ou quand les paroles de quelques chansons à double sens prennent un tour trop précis à son goût.
« Ma femme ne comprend rien à la musique ! » dit Léon, satisfait pourtant de cette présence faussement inculte qui l’écoute sans se lasser depuis si longtemps. Parfois agacé par la constance de cet auditeur trop patient, il lui lance moqueur : « Dis-moi un mot, n’importe lequel ! ». La Nini s’exécute alors, feignant l’incrédulité : « jardin », « fromage » ou « lutin » et Léon d’enchainer sur une chanson drôle, tendre, langoureuse ou pathétique où le mot apparaît sans que jamais sa mémoire ne faillisse. Elle applaudit, bon public, au coup favori de Léon, surprise malgré tout par l’inquiétante autant qu’invraisemblable mémoire de son homme de mari. Plus tard, ayant recouvert son feu de cendres, elle s’éclipsera fatiguée laissant son Léon, « batailler » comme elle le dit, avec l’instrument aux quatre cordes…
Plus rien, ni personne ne vient alors troubler l’espace du cantou. Léon appuie son bras sur l’accoudoir du banchou, cale un pied sur l’un des chenets encore chauds et attaque une partie de bras de fer avec ce violon qu’il maltraite depuis longtemps… jusqu’à-ce-que l’un des deux soit vaincu.
De cette danse initiatique, incantatoire, surgira pêle-mêle :
- parfois une mélodie inédite, fruit impur des amours d’une chanson du XVe siècle avec une java montmartroise et un fox-trot des années swing,
- parfois le détour impromptu vers une chanson oubliée depuis longtemps enchâssant la carte postale de l’événement auquel elle était liée,
- parfois enfin, l’esquisse inachevée d’une mélodie, trace informelle à jamais, empreinte du son de la musique « d’ici ».
Personne n’a jamais assisté à l’épilogue nocturne des batailles musicales de ce musicien noctambule qui, tout petit, partait jouer de la musique dans les « séchadours » enfumés, accroupi à même le sol entre les souches et racines fumames qu’on y faisait brûler à longueur de semaine pour sécher et fumer les châtaignes, parce que la fumée stagnant à un mètre du sol et la place étant chaude, on y était tranquille pour jouer du violon.
Personne… jusqu’à cet après-midi pluvieux de 1976, où le village de Roux, perdu dans les brumes d’octobre, reçut la visite de jeunes chevelus qui chassaient « les vieilles musiques d’autrefois » disaient-ils, armés d’un magnétophone et de divers violons rangés dans des boîtes-cercueils violettes du plus bel effet. Tels les « romanos » qui troquent les vieilles chaises contre des neuves, ceux-là promettaient l’avènement de nouvelles musiques rempaillées et réparées à partir des vieilles…
Vaguement séduit autant qu’inquiet, interloqué par ce commerce d’un nouveau genre, Léon avait entrouvert sa porte, son cantou et sa boîte à chanson : le piège s’était refermé sur lui – du moins les jeunes le croyaient-ils – comme avant lui il s’était refermé sur d’autres violoneux dans le pays. La promesse, tard dans la nuit, de se revoir bientôt avait conclu ce moment de grâce.
Revenant à Roux pour la seconde fois, ils découvrent donc ce violoneux assis, archétype au fond de son cantou, son éternelle casquette sur la tête, vêtu d’invraisemblables vestes en laines et de pantalons de coutils mille fois déchirés et mille fois amoureusement rapiécés par les doigts méticuleux de la Nini, chaussé de sabots en bois comme on n’en voit plus. Léon dévide méthodiquement sa pelote à musique autour des bras tendus des jeunes musiciens. Bientôt les bras de chacun n’y suffise plus et c’est leurs corps tout entier qui se retrouvent ficelés par les mélodies du violoneux. Léon s’arrête parfois en plein milieu d’une chanson pour en raconter une autre, celle que lui suggère l’immédiat du texte ou de la mélodie, il l’achève puis sur la chanson initiale. Inutile de demander à Léon de rejouer une mélodie que le magnétophone, à court de bande, n’a pu enregistrer. Le temps de tourner la bande, l’homme est déjà trois bourrées plus loin s’enfonçant sans se retourner dans les fougères luxuriantes de la musique « d’ici ». Il faut suivre l’homme jusqu’au bout de sa folie !
Léon veut entendre les jeunes : « Oui, les autres musiques, celles que vous avez apprises, avant, ailleurs, chez d’autres !!! Moi, j’ai assez joué ! » Force est de s’exécuter, sans cesse relancé par les commentaires aigus et acérés de celui qui désormais ne peut-être que le maître :
– « Ah celle-ci est pas bien terrible »,
– « Celle-là, celui qui l’a composée n’avait pas inventé la bombe atomique ! »
– « Je la connais celle-là, mais je la joue pas comme cela, écoutez ! »
– « Tiens, en voilà une belle… ! »
Tout le répertoire y passe. Léon placé idéalement en pleine lumière au fond du cantou pendant que les autres, assis autour dans une quasi-pénombre font cercle autour de lui, distribue le jeu, relançant par un air inédit – « Ça me revient maintenant que vous avez joué celle-là ! » – l’énergie chancelante des jeunes musiciens. Longtemps après, épuisés, ils mettront un temps infini à pouvoir s’en aller, Léon faisant glisser immanquablement la conversation sur le terrain de la musique, tirant comme un joueur les chansons du chapeau, chaque fois qu’ils feront mine de prendre congé.
Des soirées comme celle-ci se reproduiront souvent pendant plusieurs années, soirées attendues par Léon et Nini comme par les jeunes musiciens, soirées de théâtre avec pour unique décor un cantou, son rite immuable de châtaignes cuites au feu de mille et une manières, relayées selon les saisons par les noix, les pommes, les poires ou les figues de ce pays de cocagne et la baguette du musicien-magicien Léon distillant la surprise, l’émotion, la joie aux jeunes musiciens-enquêteurs. Le magnétophone n’apparaîtra plus qu’incidemment, remisé dans un coin de la pièce au cas où, inutile car incapable de saisir l’épaisseur et les enjeux réels du moment.
Les jeunes musiciens resteront longtemps à contempler interdits la richesse apparemment inépuisable du répertoire traditionnel de Léon, d’autant plus que le temps passant et la source ne se tarissant pas, ils auront au contraire l’étrange impression de la voir couler de plus en plus fort…
Aussi, quand Léon lâcha le morceau, il roulait dans la farine depuis plusieurs années ces jeunes musiciens qui ne voulaient décidément entendre que les « anciennes ». Pensant avec inquiétude que le jour où le filon des musiques anciennes disparaîtrait, disparaîtraient également ces soirées enchanteresses, Léon s’était très vite mis à fabriquer des « anciennes », nouvelles en quelque sorte ! Et tel un faux monnayeur qui met son honneur à vérifier quotidiennement chaque billet de sa fabrication en achetant son litre de lait chez la crémière d’en dessous, pris au piège du créateur malgré lui qui ne peut plus rien refuser à son public, c’est en jouant un jour « La valse de St-Salvadour » que les jeunes avaient trouvé si belle et à laquelle, probablement, il tenait plus qu’aux autres que Léon finit par avouer qu’elle était de sa composition. La supercherie découverte ne fit, bien entendu, que redoubler l’intérêt de ces soirées où chacun d’un même élan, Léon comme les jeunes, venait vérifier, sous le parapluie chaleureux du cantou, la valeur de ses créations. Le cercle s’élargit, d’autres musiciens d’ici, de-là, de France et d’ailleurs vinrent, toujours reçus dans le même cadre, avec les mêmes rites et la même disponibilité de Léon et Nini. L’aventure dura dix ans jusqu’à un certain jour d’octobre 1988 quand Léon décida d’aller « batailler » dans le cantou du paradis des violoneux…
1 FAIRE LA RIBOTE AVEC L’ARGENT DU PAYSAN (chanson)
J’ai ma femme qui me gronde
Quand je vais au cabaret
Elle a beau faire elle a beau dire
Elle peut pas m’en empêcher.
Et toujours là faire la ribote
Avec l’argent du paysan.
Elle me traite d’ivrogne
Tu mangeras tout mon bien
Tu mangeras mon domaine
Et mes enfants n’auront rien.
Et toujours là faire la ribote
Avec l’argent du paysan.
Un jour je dis à ma femme
Je ne boirais plus de vin
Adieu le jus de la treille
J’en aurais bien du chagrin.
Je n’irais plus faire la ribote
Avec l’argent de la maman.
2 VALSE DE SAINT SALVADOUR (instrumental)
3 LE PRINTEMPS EST VENU J’ENTENDS LES ALOUETTES (chanson)
Le printemps est venu j’entends les alouettes
J’entends les alouettes qui chantent dans les champs
Disant dans leur langage, galant tu perds ton temps [bis]
Mais si je perds mon temps, je ne plains pas ma peine [bis]
Je ne plains pas ma peine, j’ai passé du bon temps
Auprès de ma maîtresse, j’ai passé la nuit souvent
Si tu as couché avec moi galant y’en a bien d’autres [bis]
Galant y’en a bien d’autres d’aussi malin que toi
N’ont fait la même chose l’ont mieux faites que toi
L’ont mieux fait que moi délace ta ceinture [bis]
Délace ta ceinture enlève ton corset
Et je te ferai voir que j’ai bien travaillé.
4 BOURRÉE « GARDA TON BON TEMPS, BARGIERA » (instrumental)
5 BOURRÉES « LO CHAPEL DE PALHA » ET « LOS GARÇONS D’A NEUVIALA » (instrumental)
6 BOURRÉE « DEPUIS PARIS JUSQU’À VALENCE » (instrumental)
7 MARCHE À LA CABRETTE (instrumental)
8 A MON PETIT RIU (poème)
Petit riu d’a Sent-Salvador
Que te jale dins la combada
Bian sovent ai segut ton cors
Per rencontrar aquela qu’ame.
Quand eram ‘sitats sus ton bord
Que nos parlavama l’aurelha
Tota los secrets que fasiám
Los te chaudrá pas tornar dire.
Explica-me perque totjorn
Tu corres dins la campanha
E perque as tant de destorns
Per evitar la montanha.
Tota lo long de tos voiatges
Quand los prats d’alentorn son florits
Ditz-me se n’as vist de pus brave
Que nòstre país lemosin ?
Rivatel qu’as l’aiga tant clara
L’estiu quand fai bian solelh
Sovent me bòte a quatre pautas
Per ne’n beure a mon plaser.
Los peissons son aquí que m’avieson
Emb lors petits uelhs tots redonds
E me sombla los auvir dire
Vai-t-en beure un pauc pus lonh.
Ne’n buve tant qe ne’n vole
Sens que jamai me’n còste res
Chas tu quo es l’auberja del paubre
Petit riu ieu te remercie.
Arresta-te un pauc chas nos
Nos diras ente prenes ta sorça
E qu’un t’a comandat de venir
Per far virar nòstres molins.
Mas ieu pense que m’as pas auvit
En chantant ta chançon as pres la davalada
Per anar ente sabe pas
Ditz-me se tornaras montar.
À MON PETIT RUISSEAU
Petit Ruisseau de Saint-Salvadour
Que je saute d’une enjambée
Bien souvent j’ai suivi ton cours
Pour rencontrer celle que j’aime.
Quand nous étions assis sur ton bord
Que nous nous parlions à l’oreille
Tous les secrets que nous faisions
Il ne faudra pas les redire.
Explique-moi pourquoi toujours
Tu cours dans la campagne
El pourquoi tu as tant de détours
Pour éviter la montagne.
Tout le long de tes voyages
Quand les prés sont fleuris alentour
Dis-moi si tu as vu plus beau
Que notre pays limousin ?
Ruisseau qui a l’eau si claire
L’été quand il fait bien soleil
Souvent je me mets à quatre pattes
Pour en boire à mon plaisir.
Les poissons sont là qui me regardent
Avec leurs petits yeux tout ronds
Et il me semble leur entendre dire
Va-t-en boire un peu plus loin.
J’en bois tant que j’en veux
Sans que jamais il ne me coûte rien
Chez toi c’est l’auberge du pauvre
Petit ruisseau je te remercie.
Arrête-toi un peu chez nous
Tu nous diras où tu prends ta source
Et qui t’a commandé de venir
Pour faire tourner nos moulins.
Mais je pense que tu ne m’as pas entendu
En chantant la chanson tu as pris la descente
Pour aller je ne sais où
Dis-moi si tu remonteras ?
9 VALSE « LES YEUX DE MA MIE » (instrumental)
10 MÉLODIE « IEU SEI UNA CAMPANHARDA » (« Je suis une paysanne ») (instrumental)
11 VALSE « LA CHANÇON DE MON GRAND-PAIRE » (instrumental)
12 BOURRÉE »MA MAIRE N’AVIÁ MÀS ‘NA DENT »
Ma maire n’aviát màs ‘na dent
Damenava quand fasiá vent
Mon paire se’n aperceguet
Emb d’un talaire la li dasraget
Ma mère n’avait plus qu’une dent
Ma mère n’avait qu’une dent
Elle bougeait quant il faisait du vent
Mon père s’en aperçut
Avec un attelage il la lui arracha
13 VALSE À LA CHABRETTE (instrumental)
14 LA BELLE SE PROMÈNE (chanson)
La belle se promène dans son jardin Angers [bis]
Oh ma la didi la si-si-si- d’la-la-la-la
Ja de gué des gens de la guignolet
J’l’ai entendu sous l’oranger.
Que pleurez-vous la belle qui vous fait tant pleurer Angers
Oh ma la didi la si-si-si- d’la-la-la-la
Ja de gué des gens de la guignolet
J’l’ai entendu sous l’oranger.
15 POLKA « CHAS NOS AVIÁM UN TRÒÇ DE BELA-MAIRE » (‘‘CHEZ NOUS, NOUS AVIONS UNE SACRÉE BELLE-MÈRE’’) (instrumental)
16 BOURRÉE « DE GIMEL 1 » (instrumental)
17 SUITE DE BOURRÉES « LA SAUTAREL »ET LA « BOURRÉE DE GIMEL 2 » (instrumental)
18 VALSE « MARIEZ-MOI MA MÈRE » (instrumental)
19 BOURRÉE LE LONG DU BOIS » (instrumental )
20 BOURRÉE « LAS DROLLAS DAU LONZAC »
Las drollas dau Lonzac
L’an large e l’an long
L’an large e l’an long
Las drollas de la montanha
L’an large e l’an long
Las drollas d’a Tresont (?)
LES FILLES DU LONZAC
Les filles du Lonzac
L’ont large et longue
L’ont large el longue
Les filles de la montagne
L’ont large et longue
Les filles de Trezon (?)
21 « DESSUS LA ROTA DAU LONZAC » (chanson)
Lai i a un petit molin
Edins aqueu molin
Lai ia una moliniera
En passant dins sa charrict’a
leu li dissei : « Moliniera! Vo!
Chaudria pas un vaslet
Per far virar vostre molin ‘
Mas per Jo vaslet ieu n’ai un
Tans que ne’n sei comenta
Me petaça, me dordassa
Me cordura, me mordura
Me fai virar mon molin
Ai be trobat un bon vaslet ! »
Ila m’invitet a sopar
Mingem ‘na pola grassa
E n’i en fotei ‘na plena taça
D’aquel jus de la cojassa
D’aquel temps
Jo blat vendrá
E lo molin virará.
Sur la route du Lonzac
Sur la roule du Louzac
Il y a un petit moulin
Et dans ce moulin
Il y a une meunière
En passant devant chez elle
Je lui dis : « Meunière ! Oh !
Vous faudrait-il pas un valet
Pour faire donner votre moulin ? ».
Mais pour un valet j’en ai un
Tant que j’en suis contente
Il me ramone me raccommode
M’entortille me mordille
Il fait tourner mon moulin
J’ai bien trouvé un bon valet.
Elle m’invita à souper
Nous mangeons une poule grasse
Je lui ai foutu une pleine tasse
De ce jus de la grosse courge
De ce temps-là le blé viendra
Et le moulin tournera.
22 VALSE « POURQUOI SUR MON CHEMIN » (instrumental)
23 JE VIENS TE DIRE ADIEU, CHARMANTE ROSALIE (chanson)
Je viens te dire adieu, charmante Rosalie
Je pars demain matin, tout rempli de chagrin
Belle donne-moi ton cœur, je serai ton serviteur.
Pour te donner mon cœur, galant c’est impossible
Tu vas au régiment, tu resteras longtemps
Tu trouveras des fleurs qui charmeront ton cœur.
Galant si tu savais, ce qui me prend envie [bis]
C’est d’aller avec toi, au service du roi
Car dans ton régiment, il y a de beaux garçons.
La belle si tu veux venir, quitte l’habit de fille [bis]
Prends celui d’un garçon, demain nous partirons
Je te ferai rentrer dans ces beaux grenadiers.
La belle a servi sept ans, sept ans dedans l’Afrique [bis]
Personne ne la connaissait que son petit grenadier
Elle passait jour et nuit avec son bel ami.
Mais au bout de sept ans, la guerre se déclare [bis]
Au milieu d’un combat, la belle est blessée à un bras
Elle s’écrie halte-là, je ne suis plus soldat.
Si tu n’es plus soldat, fais-en voir les marques [bis]
Les marques de ma blancheur, mon visage et mon cœur
Une fille de dix-huit ans qui n’a servi que sept ans.
Si tu n’as servi sept ans, belle la croix tu mérites [bis]
Voici quinze mille francs pour toi et ton amant
Ça sera pour vous marier, de retour au foyer.
24 « BELA FANSON » (instrumental)
25 VALSE « LE MOIS DE MAI EST REVENU… » (instrumental)
26 BOURRÉE « DU TACOT » (instrumental)
27 SUITE DE BOURRÉES « PAIRE, MAIRE » ET « I ERON UN, I ERON DOS » (instrumental) (« PÈRE, MÈRE » et « IL Y EN AVAIT UN, IL Y EN AVAIT DEUX »)
28 NOËL : « DI U LAI ES DAVALAT »
Diu lai es davalat
Dei ciau a la terra
Per botar la patz
Onte era la guerra
Per botar la patz
Onte n’ent pas.
Mon Diu donatz-nos
Nòstra Senta Estrena
Donatz-nos l’amor
Tiratz-nos de’n pena
Seriam be benuros
D’èsser un jorn emb vos.
NOËL : DIEU EST DESCENDU
Dieu est descendu / Du ciel à la terre
Pour amener la paix / Où il y avait la guerre
Pour amener la paix / Où elle n’était pas.
Mon Dieu donnez-nous / Notre Sainte Etrenne
Donnez-nous l’amour / Tirez-nous des peines
Nous serions bienbeureux / D’être un jour avec vous.
29 MAZURKA
30 LE PRINTEMPS EST VENU (chanson)
Le printemps est venu
La saison est nouvelle
Tous les amants ont changé de maîtresses
Refrain : le bon vin m’endort et l’amour me réveille
Changera qui voudra / Je change pas la mienne [bis]
La mienne a les yeux doux
Et la bouche vermeille
Les quatre coins du lit / Étaient couverts de roses [bis]
Et là-dessus le rossignol y chante
31 A TA SANTAT CAMARADA ROSADÒR (chanson)
A ta santat camarada Rosadòr
A ta santat divertissám-nos
La chau voidar e la ramplir ò ! mon bel amic
Avant de partir
La chau voidar e la ramplir
Avant de partir.
A ta santé camarade Rosadòr
A ta santé divertissons-nous
Il faut la vider et la remplir, oh mon bel ami
Avant de partir
Il faut la vider et la remplir
Avant de partir.
Lorsque nous quitterons ce monde ma blonde
Ça sera pas sans du chagrin
Ma femme, et tous mes enfants et tous mes parents
Se battront pas pour mon argent
Mais nous verrons dame l’hôtesse sans cesse
Viendra pleurer sur mon tombeau
Ne’n purará lo paubre enfant
/ Elle pleurera le pauvre enfant
Que buvia tant paiava comptant
/ Qui buvait, payait comptant :
« Ne’n verai pus de son argent. » / Je n’en verrai plus de son argent. »
32 MÉLODIE « A LA PONCHA D’UN SUQUETON » (A LA POINTE D’UNE COLLINE) (instrumental)
33 ADIEU PRIVAS (chanson)
Adieu Privas petite ville
Je te quitte c’est pour longtemps [bis]
Je te quitte c’est pour longtemps naviguons ma brunette
Je te quitte c’est pour longtemps naviguons en avant.
Je ne regrette pas la ville, ni les bourgeois qui sont dedans
Ni les bourgeois qui sont dedans, naviguons ma brunette
Ni les bourgeois qui sont dedans, naviguons en avant.
Je ne regrette qu’une fille, une fille de dix-huit ans
Une fille de dix-huit ans, naviguons ma brunette
Une fille de dix-huit ans, naviguons en avant.
34 À LA TABLE D’UN BOULANGER (chanson)
À la table d’un boulanger
Ma douce amie à mon côté
Et je lui dis chère Nanon
Marions-nous si vous voulez
De marier faut pas parler
À la guerre il faut aller
À la guerre, moi j’irai pas
Ton cœur belle m’empêchera
Oh boulanger mon boulanger
La belle fille que vous avez
Si ieu l’aviá la gardariá
Dins un convent ieu la metriá
Galant vous êtes un insolent
Quand vous me parlez de couvent
J’ai bien connu d’autres amants
Jamais m’ont parlé de couvent.
35 PER VOS PARLAR DE MON PAÍS (chanson)
Per vos parlar de mon país
Damande la paraula
Quo es n’endrech entre tots chausit
Dins la Corresa en Lemosin [dos cóps].
Vos damandatz ente passar
Per lai venir nos veire
Lai vos menarai se voletz
Donatz-me la man e venetz [dos cóps].
Anám prener lo sendarel
Trasversarem la prada
Te montrarai Sent-Salvador
Quo es lo país daus trobadors [dos cóps].
Vacanciers que venetz cerchar
Lo calme e lo silenci
Venetz un pauc dins nòstres chamins
Quand los ramdals son tots florits [dos cóps].
Quand la prima vai arribar
La terra es en festa
Las flors vos contenton los uelhs
E lor perfun embauma l’aer [dos cops].
Davala un pauc dins queus valons
Quand lo cocut lai chanta
Ditz totjorn la mesma chançon
L’éco li respond de pertot [dos cops].
Vai flanar un pauc lo long del riu
Ei murmuri de l’aiga
Escota l’auselon chantar
De pus bravas chançons n’i a pas [dos cops].
Se ses en galanta companha
I a daus boissons, de l’ombra,
Chascun sap que los amoros
N’an jamai besonn de tesmonh [dos cops].
Se vòles, anám contunhar
Nòstre torn de campanha
Te montrarai nòstre paìs
Los vielhs chasteus, los vielhs molins [dos cops].
Apres nos farem un dever
D’i far un pelerinatge
Davant la tomba daus maquis
Mòrts per defendre lo país [dos cops].
En passant, chaudrá visitar
Lo museu del poeta
Talhur de peiras e trobador,
La glòria d’a Sent-Salvador [dos cops].
Apres aver ben empluiat
Tota la matinada
Nos chaudrá nar minjar un torton
A la ferma dei Leondon [dos cops].
E lo ser per nos repausar
E far la serenada
Aurem Silvi e Olivier
Nòstres musicians rotiniers [dos cops].
POUR VOUS PARLER DE MON PAYS
Pour vous parler de mon pays
Je demande la parole
C’est un endroit entre tous choisi
Dans la Corrèze en Limousin.
Vous vous demandez où passer
Pour venir nous voir
Je vous y amènerai si vous voulez
Donnez-moi la main et venez.
Nous allons prendre le sentier
Nous traverserons le pré
Je te montrerai Saint-Salvadour
Qui est le pays des troubadours.
Vacanciers qui venez chercher
Le calme et le silence
Venez un peu dans nos chemins
Quand les haies sont toutes fleuries.
Quand le printemps va arriver
La terre est en fête
Les fleurs vous contentent les yeux
Et leur parfum embaume l’air.
Descends un peu dans ces vallons
Quand le coucou y chante
Il dit toujours la même chanson
L’écho lui répond de toutes parts.
Va flâner le long du ruisseau
Au murmure de l’eau
Ecoute l’oiseau chanter
De plus belle chansons il n’y en a pas.
Si tu es en galante compagnie
Il y a des buissons de l’ombre
Chacun sait que les amoureux
N’ont jamais besoin de témoins.
Si tu veux nous allons continuer
Notre tour de campagne
Je te montrerai notre pays
Les vieux châteaux, les vieux moulins.
Après nous nous ferons un devoir
De faire un pèlerinage
Devant la tombe des maquis
Morts pour défendre le pays.
En passant il faudra visiter
Le musée du poète
Tailleur de pierre et troubadour
La gloire de Saint-Salvadour.
Après avoir bien employé
Tout la matinée
Nous irons manger un fourtou
A la ferme du Léondou.
Et le soir pour nous reposer
Et faire la sérénade
Nous aurons Sylvie et Olivier
Nos musiciens routiniers.
36 BOURRÉE DU PIANO MÉCANIQUE (instrumental)
37 BOURRÉE DE SAINT-CLÉMENT (instrumental)
38 BOURRÉE « FAI ANAR TON VIOLON » (instrumental)
39 BOURRÉE « D’A ROS » (instrumental)
Collection dirigée par André Ricros.
Les pièces 2, 7, 8, 9, 13, 35 et 39 sont des compositions de Léon Peyrat.
Documents sonores enregistrés par Olivier Durif et Christian Oller durant le printemps 1980 sauf pièce 34 et 35 enregistrés par Jan dau Melhau en 1986.
Mixage, montage et prémastering : Studio Blatin (Clermont-Ferrand).
Traduction anglaise : Mary Pardoe. Textes occitans : Dominique Decomps et Jan dau Melhau.
Photograhies : Jean-Michel Ponty (converture), Baptiste Peyrat, Olivier Durif et Roland Manoury.
Conception graphique : Olivier B et Associés.
Suivi de production : AR Production (Riom).
Autre publication sur Léon Peyrat : Cahier de chanson du Pays de Tulle.