Editorial (03/2015)

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Les mânes d’Aliénor d’Aquitaine, à moins que ce ne soient celles, plus récentes, des marchands de vins corréziens de Meymac-près Bordeaux (sic), flotteront sans doute, parmi d’autres, autour du berceau de la nouvelle région à laquelle les Limousins appartiendront dès 2016.

Les musiques traditionnelles en Limousin vont reprendre langues et musiques avec les Gascons, Béarnais, Landais, Basques, Périgourdins, Charentais, Poitevins des brandes marchoises comme de la quasi-Vendée ; alléchant programme ! Derrière le cadrage politique opéré qu’on peut évidemment interpréter de diverses manières avec les inévitables arrière-pensées négatives de la perte « d’identité » ou de l’emprise hégémonique de la future ville-capitale et de bien d’autres noires intentions…, il appartient désormais aux acteurs et citoyens que nous sommes de prendre toute leur part à ce nouveau partage, de le nourrir et d’en constituer le corps et la matière. Il n’est pas vrai que l’entre soi préserve mieux « l’identité » héritée de nos territoires et de nos cultures et les musiques traditionnelles ont depuis longtemps préféré la fierté partagée et la curiosité réciproque au chauvinisme étriqué et court-sur-patte… Ce faisant, nous n’abandonnerons pas nos complicités éternelles avec les femmes et les hommes du Massif Central plus à l’est qui ont façonné avec nous les cultures de ces Hautes terres et dont la bourrée est notre esperanto.

Dehors et dedans, au centre et sur les marges nous n’oublierons pas de continuer à cultiver nos singularités, ces couleurs et ces formes plurielles, garantes de la biodiversité nécessaire à toute société moderne et accueillante comme nous l’espérons pour notre nouvelle région…

Olivier DURIF
Directeur du CRMTL